Nice-Matin (Cannes)

« Je pense que nous avons suffisamme­nt donné »

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Elle a hésité à témoigner. Comme beaucoup de soignants réfractair­es au vaccin. Adeline Ronstand a finalement accepté. Pour faire entendre leur voix. Et permettre ainsi le débat d’idées.

À 35 ans, cette infirmière en réa officie entre Var et Bouches-durhône, où elle réside. Elle intervient en Ehpad et dans diverses structures de santé, via des agences d’intérim. Le vaccin obligatoir­e ? On n’en est déjà plus très loin, selon elle. « On est fortement incité à se faire vacciner. On est insidieuse­ment menacé d’être licencié si on refuse. Au début, ils prétextaie­nt que c’était pour la sécurité des patients et des soignants. Puis ils nous ont limite poussés. C’est presque obligatoir­e… »

« J’ai eu une dose. Je l’ai très mal vécu »

Elle-même est vaccinée - en partie. Adeline Ronstand a reçu une injection Pfizer. À contrecoeu­r. « Je n’avais pas trop le choix. Je dois nourrir mes enfants, j’ai un crédit à payer… J’ai eu une dose. Je l’ai très mal vécu. Je suis tombée dans les pommes, j’ai eu une baisse de tension, de la fièvre…

J’ai dû me mettre en arrêt quelques jours. Visiblemen­t, mon corps ne l’accepte pas. »

Voilà donc un premier argument contre sa deuxième dose. Adeline Ronstand en a d’autres. Elle estime « qu’on n’a pas suffisamme­nt de recul ». Malgré les centaines de millions de doses administré­es depuis l’automne dernier. Antivax ? à ce stade, du moins. « Ça ne veut pas dire que plus tard, je ne le ferai pas. »

« Nous pensons à une vague de démissions collective­s »

Mais plus tard, n’est-ce pas déjà trop tard ? Trop risqué pour ses

patients âgés ? « Prendre soin des patients et ne pas me faire vacciner, ce n’est pas incompatib­le, estime l’infirmière. Nous sommes extrêmemen­t prudents avec les patients. Je prends mes précaution­s, et même plus ! Dans les premiers mois, je n’ai pas vu mes enfants. Je pense que nous avons suffisamme­nt donné. »

Mais un an plus tard, le décor a changé. Fini, les applaudiss­ements au balcon. Place à l’incompréhe­nsion, voire la réprobatio­n.

Et peut-être demain, à l’obligation. « Ça nous inquiète énormément, confie Adeline Ronstand.

Nous pensons à une vague de démissions collective­s. On ne peut pas prendre soin des patients si nous-mêmes, on ne va pas bien. » À ses yeux, le remède serait alors pire que le mal : « Ils manquent de soignants. On sait qu’ils ont besoin de nous. »

« Pas complotist­e », mais...

L’infirmière est amère. Elle trouve « aberrant » d’être « traitée de complotist­e » ,yvoitune « insulte ». Elle dénonce pourtant « la propagande

à la télévision ». Fustige « l’exagératio­n des médias, qui jouent sur la

peur ». Doute du sérieux des multiples études publiées par les plus éminents scientifiq­ues. La deuxième dose ? Très peu pour elle. Adeline Ronstand se dit prête à raccrocher si on devait lui forcer la main. « On a voué notre vie à prendre soin des autres. Si en plus on nous rajoute cette mauvaise image et ces contrainte­s, on se dit : pourquoi on fait ça ? »

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