À Biot et Antibes, la renaturation comme lendemain
Les souvenirs ? Vivaces. Impossible pour les Biotois d’oublier les terribles images de 2015. D’une nuit d’automne où l’eau de la Brague a tout dévasté sur son passage. Atteignant dans la commune un point culminant : 1,6 mètre au sein même du Hameau de la Brague. Installé dans un méandre artificiel depuis 1996, en toute légalité, le petit quartier de vingt-trois maisons n’est plus. Impensable de continuer à vivre ici après un tel drame. Les occupants, au gré des mois, ont quitté les lieux. Mais tous n’ont pu prétendre au fonds Barnier, faute de correspondre aux critères. Dans un premier temps, seuls cinq bâtiments ont pu être acquis par la Ville. Une situation ubuesque où la vente d’un bien invendable et l’inquiétude à chaque pluie a pu trouver un terme. En 2018, enfin, l’etat a rendu éligible la totalité du lotissement au fonds de prévention des risques naturels majeurs. Soulagement. La Communauté d’agglomération Sophia Antipolis reprend le dossier en main et devient propriétaire des biens. Après avoir cédé pour l’euro symbolique les habitations précédemment acquises, la ville de Biot assiste à l’évaluation des murs, parkings et parties communes. Au total, France Domaine annonce 6 630 000 euros. Une somme dont la moitié a été prise en charge par l’état (grâce au fameux fonds donc) et 20 % par la Région Sud. Il faudra attendre mars 2021 pour assister à la démolition du premier bâtiment du Hameau. Un ouvrage comme promesse, celle de réduire la hauteur d’eau de 80 centimètres, dans cette zone, en cas de forte crue. Le tout, en élargissant le lit de la Brague - de 30 à 80 mètres -, en installant un piège à embâcles et en procédant à une opération de renaturation. Un grand mot qui résume l’avenir de la plaine s’étirant jusqu’à Antibes. Un chantier XXL cadré par un « plan guide » où des loisirs de plein air - sans hébergement - seront encouragés et où la biodiversité et sa protection occupent une majeure partie du projet, notamment grâce au conservatoire du littoral, partie prenante dans cette affaire. Mais, tout comme il a fallu six ans avant de voir le Hameau de la Brague changer de visage, c’est un bouleversement au long cours qui prendra place des deux côtés de l’a8.