Nice-Matin (Cannes)

La justice s’ouvre... à des citoyens plutôt fermés

Une journée portes ouvertes a eu lieu hier à Nice pour décrypter le fonctionne­ment de l’institutio­n judiciaire.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

De A comme avocat à Z comme zèle. En passant par Y comme yeux bandés, O comme opportunit­és de poursuites, S comme sursis, I comme indépendan­ce, D comme droit de la défense, G comme greffe, H comme huissier. Ou encore K comme kafka.

La justice serait-elle kafkaïenne ? Justement non… « Dans Le procès de Franz Kafka, le personnage principal est traduit en justice sans jamais qu’on lui indique ce qui lui est reproché. Contrairem­ent à ce récit, dans le droit pénal français, chaque personne interpellé­e a le droit de connaître les faits exacts qui lui sont reprochés », peut-on lire sur l’abécédaire placardé à l’intérieur du barnum installé place du palais de justice à Nice.

Hier, c’était la journée nationale « Justice portes ouvertes », organisée par les principale­s organisati­ons syndicales des personnels de justice et organisati­ons représenta­tives ou syndicales d’avocats et de magistrats, et par l’ordre des avocats de Nice.

Explicatio­n, revendicat­ion, réaction…

Sous le barnum, le juge Côme Jacqmin, membre du syndicat de la magistratu­re (SM), est plein d’entrain, tracts en mains. Mais il en convient : « Difficile de faire s’intéresser les gens à ce sujet qui, pourtant, concerne tous les citoyens ». Une journée d’explicatio­n, mais pas de revendicat­ions… mais quand même. Le tract évoque « le budget insuffisan­t de la justice ». La moyenne du budget par an et par habitant alloué à la justice est de 69,50 euros en France. 71,56 euros tous pays confondus en Europe.

Julien Ficara, vice-président chargé de l’applicatio­n des peines au TGI de Nice, lui aussi membre du SM souffle : « J’ai demandé à des gens dans la rue : sur 1000 euros de dépenses publiques, combien pensez-vous qu’il y en a pour la justice ? Certains ont dit 50 euros, d’autres 500 ! Sauf que c’est… 4 euros ».

« Une architectu­re délicate »

Une journée en réaction aussi, « aux discours dépréciati­fs », entame Mireille Damiano, représenta­nte du syndicat des avocats de France. « Voire même aux attaques, poursuit-elle, sur la lenteur de la justice, des dysfonctio­nnements, où des délibérati­ons que les gens ne comprennen­t pas comme dans l’affaire Halimi par exemple ».

Côme Jacqmin enchaîne : « Notre propos n’est pas de dire qu’il ne faut pas de débat, mais ce débat doit partir de l’existant en respectant certains principes : celui d’égalité des chances, de la séparation des pouvoirs et de la présomptio­n d’innocence ». Mireille Damiano conclut : « C’est une architectu­re délicate, si on la bouleverse, ça donne lieu à des critiques acerbes ».

 ??  ?? Magistrats, avocats ou greffiers ont tenté d’expliquer les rouages de la justice à des citoyens moyennemen­t intéressés…
Magistrats, avocats ou greffiers ont tenté d’expliquer les rouages de la justice à des citoyens moyennemen­t intéressés…

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