La justice s’ouvre... à des citoyens plutôt fermés
Une journée portes ouvertes a eu lieu hier à Nice pour décrypter le fonctionnement de l’institution judiciaire.
De A comme avocat à Z comme zèle. En passant par Y comme yeux bandés, O comme opportunités de poursuites, S comme sursis, I comme indépendance, D comme droit de la défense, G comme greffe, H comme huissier. Ou encore K comme kafka.
La justice serait-elle kafkaïenne ? Justement non… « Dans Le procès de Franz Kafka, le personnage principal est traduit en justice sans jamais qu’on lui indique ce qui lui est reproché. Contrairement à ce récit, dans le droit pénal français, chaque personne interpellée a le droit de connaître les faits exacts qui lui sont reprochés », peut-on lire sur l’abécédaire placardé à l’intérieur du barnum installé place du palais de justice à Nice.
Hier, c’était la journée nationale « Justice portes ouvertes », organisée par les principales organisations syndicales des personnels de justice et organisations représentatives ou syndicales d’avocats et de magistrats, et par l’ordre des avocats de Nice.
Explication, revendication, réaction…
Sous le barnum, le juge Côme Jacqmin, membre du syndicat de la magistrature (SM), est plein d’entrain, tracts en mains. Mais il en convient : « Difficile de faire s’intéresser les gens à ce sujet qui, pourtant, concerne tous les citoyens ». Une journée d’explication, mais pas de revendications… mais quand même. Le tract évoque « le budget insuffisant de la justice ». La moyenne du budget par an et par habitant alloué à la justice est de 69,50 euros en France. 71,56 euros tous pays confondus en Europe.
Julien Ficara, vice-président chargé de l’application des peines au TGI de Nice, lui aussi membre du SM souffle : « J’ai demandé à des gens dans la rue : sur 1000 euros de dépenses publiques, combien pensez-vous qu’il y en a pour la justice ? Certains ont dit 50 euros, d’autres 500 ! Sauf que c’est… 4 euros ».
« Une architecture délicate »
Une journée en réaction aussi, « aux discours dépréciatifs », entame Mireille Damiano, représentante du syndicat des avocats de France. « Voire même aux attaques, poursuit-elle, sur la lenteur de la justice, des dysfonctionnements, où des délibérations que les gens ne comprennent pas comme dans l’affaire Halimi par exemple ».
Côme Jacqmin enchaîne : « Notre propos n’est pas de dire qu’il ne faut pas de débat, mais ce débat doit partir de l’existant en respectant certains principes : celui d’égalité des chances, de la séparation des pouvoirs et de la présomption d’innocence ». Mireille Damiano conclut : « C’est une architecture délicate, si on la bouleverse, ça donne lieu à des critiques acerbes ».