Nice-Matin (Cannes)

Seize cas de variant Delta à Antibes

Les autorités ont fait un point, hier, sur la situation épidémiolo­gique dans le départemen­t. En dépit de la baisse du taux d’incidence (15 cas pour 100 000 habitants), l’heure reste à la mobilisati­on.

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Alors que les Alpes-maritimes étaient cet hiver le départemen­t le plus touché de France par le virus, le taux d’incidence a chuté à 15 cas pour 100 000 habitants. Un bon résultat que le Pr Michel Carles, infectiolo­gue au CHU de Nice, a tenu à tempérer : « L’an dernier à la même période le taux d’incidence était de 5, soit trois fois moins qu’aujourd’hui. » Ce qui n’a pas empêché un rebond de l’épidémie à la sortie de l’été. Voilà pourquoi le directeur de cabinet du préfet Benoît Huber estime que «lapagede la Covid est loin d’être tournée ». D’autant que le variant delta, de par sa contagiosi­té, représente une nouvelle menace.

23 % de variant delta dans le départemen­t

Romain Alexandre, le directeur départemen­tal de L’ARS, estime que le variant delta représente déjà 23 % des nouveaux cas de contaminat­ion dans les Alpes-maritimes. Soit un peu plus que la moyenne nationale qui s’établit à 20 %. « Un cas groupé de contaminat­ions a d’ailleurs été repéré à Antibes », rapporte Romain Alexandre [lire ci-dessous] .Pourle Pr Carles il ne fait aucun doute que « le variant Delta va prendre la place du variant anglais dans un avenir assez proche. Or ce sont les personnes les plus vulnérable­s, c’est-à-dire ceux qui ne sont vaccinés, qui en seront les premières victimes », prévient l’infectiolo­gue.

Un inquiétant ralentisse­ment de la vaccinatio­n constaté

Or la couverture vaccinale du départemen­t est loin d’être totale. « Elle est aujourd’hui légèrement supérieure à 52 % dans le départemen­t », constate Benoît Huber. C’est légèrement mieux que la moyenne nationale. Mais le directeur de cabinet ne s’en satisfait pas. « Pour atteindre les objectifs il va falloir vacciner 159 000 personnes supplément­aires d’ici fin août », annonce-t-il. Or, le directeur de cabinet du préfet assiste à un phénomène qu’il n’hésite pas à qualifier « d’assez inquiétant » :lenombre de personnes se faisant administre­r une première dose a tendance à chuter. Elles étaient 12 000 dans ce cas la semaine dernière. Alors que dans le même temps 43 000 deuxièmes doses ont été administré­es.

A peine 65 % des personnes à risque vaccinées

Ce ralentisse­ment n’augure rien de bon. Car à ce jour à peine 65 % des personnes jugées à risque, du fait de leur âge ou de leur pathologie, ont été vaccinées, rapporte le directeur de cabinet du préfet.

Or en cas de quatrième vague celles et ceux qui n’ont pas eu recours à la vaccinatio­n seront en première ligne de ce rebond épidémique, prévient le Pr Carles.

Un vaccinosce­pticisme qualifié « d’insensé » par le Pr Carles

« En tant que médecin, il est insensé d’avoir le moyen de se prémunir des conséquenc­es de l’épidémie et de ne pas l’utiliser », souligne l’infectiolo­gue qui rappelle que trois milliards de doses ont déjà été inoculées dans le monde. De quoi faire la démonstrat­ion que le remède est sûr.

Voilà pourquoi il exhorte tout le monde à aller se faire vacciner « pour se protéger et protéger les autres ». D’autant que les vaccins ne manquent plus. «Ilyamême su stock dans le départemen­t » ,assure Benoît Huber.

Le maintien des gestes barrières et peut-être... du masque

Le Pr Carles n’hésite pas à comparer le vaccin à un « gilet pare-balles ». S’il n’empêche pas d’attraper le virus il protège contre les formes graves.

L’expérience anglaise le démontre. Si la vaccinatio­n reste la meilleure des armes contre l’épidémie, l’infectiolo­gue estime que les gestes barrières ne doivent pas être abandonnés pour autant. «Le masque n’a pas d’utilité en extérieur sauf lorsque vous êtes à moins d’un mètre des autres », rappelle le Pr Carles qui s’interroge d’ailleurs sur l’opportunit­é d’événements rassemblan­t des foules.

Il n’est manifestem­ent pas le seul : le directeur de cabinet du préfet confie être « favorable » au maintien du port du masque obligatoir­e lors de manifestat­ions tels que les concerts et avoir « entamé une réflexion en ce sens au niveau régional » car la situation sanitaire des Alpes-maritimes « ne justifie pas un traitement différenci­é du Var ou des Bouches-du-rhône. »

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(Photo Cyril Dodergny) Le ralentisse­ment de la vaccinatio­n dans les Alpes-maritimes fait peser la crainte d’une quatrième vague.

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