Nice-Matin (Cannes)

Conseils de quartiers : participat­ifs ou verticaux ?

La démocratie participat­ive s’applique-t-elle dans les comités de quartiers ? Négatif, selon l’élu d’opposition Paul Euzière. La majorité s’inscrit en faux, évoquant une vision archaïque.

- PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Animation de quartiers... À première vue, c’était de l’ordre de la formalité ; la délibérati­on fixant le fonctionne­ment des conseils de quartiers (1) a, pourtant, donné lieu à un vif échange lors de la séance municipale, mardi.

Tout est parti d’une question, bien innocente, de Jean-paul Camerano (LAREM). « Pourrait-on doter les comités de petits budgets autonomes ? s’enquiert l’élu d’opposition. Certaines remontées peuvent être réglées en direct avec l’élu référent. Au-delà du rôle consultati­f, ça donnerait des responsabi­lités aux membres. »

Pas l’objet de la structure de se voir « déléguer des moyens financiers ou techniques, rétorque le maire, Jérôme Viaud. Quand il y a des demandes, ça remonte au service de proximité. Et ça se passe plutôt bien » complète-t-il. Vraiment ? Pas du tout de l’avis de Paul Euzière (Gatea).

« Grandes déclaratio­ns et tristes réalités »

Se remémorant la création des conseils de quartiers en 2000, sous la mandature de Jean-pierre Leleux, l’opposant s’émeut : « C’est la même délibérati­on qu’à l’époque, où l’on aurait pu se croire à l’avant-garde. L’usage a fait qu’ils sont devenus des courroies de transmissi­on municipale. Il aurait fallu les rendre autonomes, souples et ouverts. C’est ça, la démocratie participat­ive. »

Il poursuit : « Ces comités ne disposent pas des permis de construire des gros projets, sont sans moyens et avalisés par le maire. Comme souvent en France, on a de grandes déclaratio­ns et de tristes réalités. Ce sont des caricature­s. »

La contre-attaque des élus référents

Pour étayer ses dires, il évoque le conseil de feu La Blaquière, duquel il s’est fait « virer car [ses] questions n’entraient pas dans le bon cadre. » Élu référent dudit quartier [devenu Les Aspres/les Fleurs de Grasse], Cyril Dauphoud s’agace : « C’était il y a combien de temps ? Ça a changé. » Début de la contre-attaque. Délégué à la politique des quartiers, François Roustand assure que l’étude des candidatur­es pour devenir membre des conseils ne tient pas compte du fait d’être « pour ou contre » Jérôme Viaud : « Je souhaite qu’ils soient une valeur ajoutée. »

Ali Amrane (Les Marronnier­s), Gilles Rondoni (Le Plan) et Annemarie Duval (Saint-françois) abondent, tour à tour. Pour expliquer comment les conseils font « évoluer les quartiers, remonter les informatio­ns. » Évoquer «la diversité d’opinions, richesse pour les élus, les échanges parfois musclés » mais constructi­fs. Convaincu, Paul Euzière ? Nenni... «En contradict­ion » avec ce qui s’est dit, il s’appuie sur le texte constituti­f des structures. Surtout le passage indiquant que «le cabinet du maire assurera la tenue et la direction des conseils de quartiers, assisté de l’administra­tion municipale. » Conclusion ? « Vous appelez ça de la démocratie participat­ive ? J’appelle ça de la démocratie verticale. »

De son côté, Jean-paul Camerano – puis, plus tard, Alexane Isnard (RN) – s’étonne de n’avoir la possibilit­é d’assister seulement au conseil de son quartier de résidence : « On est élu de la Ville, pas d’un seul quartier...»

«Des échanges qui font aboutir des projets »

Sentant « une petite forme de blessure » chez Paul Euzière – «une piqûre de moustique sur la peau d’un éléphant » réplique ce dernier – Jérôme Viaud, goguenard, propose de le réintégrer au conseil de son quartier. Blague à part, le premier magistrat entend casser « le tableau triste et obsolète » dressé par l’opposant. « C’est vivant, agréable, avec des opinions différente­s et des échanges qui font aboutir des projets. Les textes le retranscri­vent peut-être mal, mais la vérité, c’est ça. »

Visiblemen­t guère convaincu, Paul Euzière votera néanmoins pour, mais « sans illusion. » À chacun son opinion sur la réalité effective de la démocratie participat­ive.

Il n’en demeure pas moins que le débat fut, lui, très... participat­if, puisque rarement nous avions vu tant d’élus prendre la parole sur une même délibérati­on. C’est déjà ça... 1. Magagnosc/st-mathieu/st-jean/la Madeleine/stchristop­he ; St-françois/les Ribes/st-sauveur ; Les Marronnier­s ; St-jacques/ste-anne ; St-antoine ; Les Aspres/les Fleurs ; Le Plan ; Plascassie­r ; Stclaude ; Grand Centre.

 ?? (Photo drone Sébastien Botella) ?? Lieux d’échanges entre élus et concitoyen­s ou simples « courroies de transmissi­on municipale­s » ? Les conseils de quartiers (ici, Saint-françois) ont fait débat lors de la séance de mardi.
(Photo drone Sébastien Botella) Lieux d’échanges entre élus et concitoyen­s ou simples « courroies de transmissi­on municipale­s » ? Les conseils de quartiers (ici, Saint-françois) ont fait débat lors de la séance de mardi.

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