Eau polluée : les habitants inquiets
Deux salles, deux ambiances hier matin du côté de la mairie de Roquefort-les-pins. Sur le parking face à l’hôtel de ville, distribution de bouteilles d’eau par Veolia avec une longue file d’attente de voiture venues récupérer leur précieux. Des palettes qui fondent comme neige au soleil lors des deux distributions (9h12h et 16h-19h). Une situation d’urgence après que l’eau du robinet a été interdite à la consommation, à la suite de contrôles menés par Veolia, qui ont montré des dépassements de valeurs de plomb et nickel.
« On parle de notre santé, de celle de nos enfants ! »
De l’autre côté du bâtiment, une cinquantaine d’habitants venus protester contre le manque d’information concernant cette pollution et cette interdiction. « Depuis quand, jusqu’à quand ? Et pourquoi ce silence assourdissant du côté de la municipalité ? Qui va payer le surplus de facture ? Comment vous faire confiance ? », entend-on.
Pour Michel, 63 ans, inquiet de la situation, le temps presse : « Quel est le vrai risque pour notre santé ? On nous demande de faire couler l’eau pendant deux minutes avant de nous en servir. Mais qui va payer ? Nous ? » En l’absence (regrettée) d’un représentant de la municipalité, c’est Romain Taimo, responsable d’exploitation chez Veolia, qui a fait face à la foule et a tenté de rassurer les gens en répondant à leurs questions. « Non, l’eau n’est pas polluée, mais c’est une modification chimique de sa composition qui a provoqué une corrosion accélérée sur certains réseaux peu sollicités dans lesquels l’eau stagne et cela libère des métaux. C’est une mesure au premier jet mais après cinq minutes, il n’y a plus de plomb ni de nickel ! »
Réaction du tac au tac : « Mais pourquoi cette interdiction alors si ce n’est pas si dangereux ? » La réponse fuse : » C’est une précaution de L’ARS (Agence Régionale de Santé, Ndlr) mais notre objectif c’est que vous puissiez boire l’eau du robinet le plus rapidement possible. »
Des échanges qui ont duré quelques minutes et ont laissé les habitants sur leur faim, à l’image de Florie, enceinte et maman de deux enfants : « On est inquiet. J’ai deux enfants à la maison et un a vomi il y a quelques jours… Je ne comprends pas pourquoi c’est interdit de boire l’eau du robinet aujourd’hui et pas depuis mars alors que les analyses étaient mauvaises ! On utilise un pack et demi d’eau par jour pour boire, faire cuire les aliments ou le brossage des dents ! C’est compliqué ! »
Même colère chez Chantal, 70 ans : « Comment laver ses légumes, fruits et boire avec 1,5 l par jour et par personne ? Impossible. Certaines personnes n’étaient même pas informées de cette interdiction. Que fait la mairie ? Elle aurait pu mettre des affichettes dans les commerces, à la mairie, partout, pour informer. Heureusement, il y avait la presse, les réseaux sociaux. Ce n’est pas une gestion normale. »
« On parle de notre santé, de celle de nos enfants ! », conclut avec force Claire, 36 ans. Tous attendent une réaction de la mairie.