Ovnis : ils y croient toujours
En déclassifiant le 25 juin un rapport qui évoque 144 cas de « rencontres du 3e type » accréditées par les pilotes de L’US Air Force, le Pentagone brise un tabou. En France, depuis 1977, 99 cas restent inexpliqués. Et si finalement la vérité était ailleurs ?
Et si E.T. était sur le point de demander un permis de séjour sur la planète Terre ? Et si surtout le temps était révolu des sempiternelles moqueries dont les ufologues sont la cible depuis qu’en 1947, Kenneth Arnold, pilote de L’US Air Force, affirma avoir vu neuf objets (qu’il qualifiera de « flying saucers » : soucoupes volantes) se déplaçant à très grande vitesse au-dessus du mont Adams. Le Renseignement américain a en effet déclassifié et publié le 25 juin un rapport de neuf pages qui reconnaît pour la toute première fois que des objets volants non identifiés ont bien été observés ces dernières années par les pilotes de L’US Air Force.
Pas moins de 144 cas ont ainsi été étudiés par l’unidentified Aerial
Phenomena Task Force. À Seillans, dans le Var, Serge Tinland suit ces révélations de très près. Le quinquagénaire, formateur en aéronautique et ufologue, n’est pas surpris : « Dans le cadre de mon projet Phénix (voir ci-dessous), je suis en contact avec de nombreux scientifiques, mais aussi avec des pilotes de Rafale, d’active ou en retraite, de l’armée de l’air. Et ce que je peux vous dire, c’est que, comme ceux de L’US Air Force, nos pilotes français ont également été témoins de phénomènes totalement inexpliqués. »
incidents troublants dans le ciel US
Si le Pentagone se garde bien de conclure à la révélation d’une technologie extraterrestre, il s’interroge sur l’origine de ce qu’il nomme désormais PAN (Phénomène Aérospatial Non Identifié) et non plus UFO. Toutefois, après de longues enquêtes, sur les 144 cas étudiés par le renseignement US, un seul a pu être rationalisé. Il s’agissait d’un gros ballon prenant de la vitesse en se dégonflant... Étrange. D’autant que le rapport dans la foulée évoque les témoignages de pilotes US qui font état de 18 incidents troublants, et parfois de collisions évitées de justesse avec ces aéronefs mystérieux. « Certains PAN se déplacent contre le vent, manoeuvrent brusquement, ou se déplacent à une vitesse considérable, sans moyen de propulsion discernable. » Une technologie inconnue, donc ?
La voie du doute
La problématique c’est qu’il ne s’agit pas là de témoignages de doux rêveurs ou de militants de la guerre des mondes, mais de phénomènes « enregistrés par plusieurs capteurs, dont des radars, des senseurs infrarouges et électro-optiques, des détecteurs de missile et par observation visuelle ».
Si le Pentagone ne conclut pas à l’observation de phénomènes extraterrestres, ce rapport ouvre pour la première fois une voie au doute scientifique.
Certes, entre les lignes, des problématiques plus prosaïques y sont effleurées. Question : et si ces aéronefs relevant d’une technologie inconnue étaient le fruit de puissances étrangères, comme la Chine ou la Russie ? L’hypothèse d’une guerre des mondes serait ainsi ramenée à un simple remake de la guerre froide. Presque rassurant ! Sauf que pour Serge Tinland, cet argument est de pure forme : « Cette piste est à peine abordée par le renseignement US. Tout simplement parce qu’elle est impensable et qu’en l’accréditant, les États-unis concéderaient qu’ils ont perdu le leadership absolu en matière militaire et de défense. Or ce n’est pas le cas ! »
cas inexpliqués en France
Reste donc des points d’interrogations à foison. Moins transparente dans ce domaine que les USA, la France, elle, enquête aussi depuis 1977 sur chaque témoignage de personne signalant avoir vu des phénomènes aérospatiaux non identifiés (lire par ailleurs). Sur 2 923 cas rapportés aux enquêteurs du Geipan (1), 99 cas restent aujourd’hui sans réponse, bien que des investigations aient été menées. Les soucoupes volantes ne sont certes pas à deux heures de Paris, comme le furent jadis les chars soviétiques, mais n’excluant rien, le Pentagone – comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir – fait finalement le Pari de Pascal : « Une personne rationnelle a tout intérêt à croire en Dieu (Ovni), que Dieu – ou les Ovni – existe ou non ».
Tel est sans doute la principale avancée de ce rapport qui, s’il ne résout aucun mystère, envoie un signal fort aux militaires, aux pilotes de lignes mais aussi aux simples particuliers – ufologues ou pas : vos témoignages désormais ne seront plus systématiquement sujets d’opprobre ou de ridicule ! Parce que, qui sait, la vérité est peut-être bel et bien ailleurs. 1. Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés.