Deux « drive-in » niçois de stups démantelés
Deux gros points de deals ont été démantelés en quinze jours par la Sûreté départementale, à l’est de Nice. Ils généraient jusqu’à 600 000 euros de chiffre d’affaires par mois. Récit.
Peu avant six heures du matin, 222 route de Turin, mercredi 23 juin. Trois chiens policiers sont descendus par leur maître de l’arrière de véhicules siglés « Police ». La cité dort. C’est décidément pas une heure pour les « choufs »(1). Ce haut lieu du trafic de stups fait régulièrement la une de l’actualité. La cité, qui répond au doux nom des « Loggias du Paillon », aurait pu servir de décor pour Gomorra, la série italienne de Roberto Salviano, sur la mafia napolitaine de la drogue. Au « 222 », une seule entrée dessert un entrelacs de bâtiments (lire par ailleurs).
Un « péage » pour les clients du « drive-in »
Ce 23 juin, en même temps que les chiens anti-drogue, plus d’une centaine de policiers se déploient au petit matin. La Sûreté départementale est à la manoeuvre, avec l’appui de trois unités cynophiles des Alpes-maritimes et d’autres départements, ainsi que les antennes du Raid, surarmées, de Montpellier et de Nice. Le déploiement de forces est justifié. La cité s’est transformée en « drive-in » de la drogue. Les « choufs », les guetteurs, ont carrément instauré un péage dans l’unique entrée voitures. Chaque véhicule entrant est ralenti par un amas de poubelles, de meubles, d’encombrants. Les occupants sont contrôlés.
Les riverains, qui rentrent du travail, sont autorisés à rejoindre leur parking. Les clients véhiculés sont orientés vers le point de deal. Sur un mur, une flèche surmontée de l’inscription « La moula » (synonyme de drogue), signale aux clients à pied le bon cheminement pour aller récupérer leur dose. Bienvenue dans le royaume de la came.
Au « », le client est roi
L’endroit possède ses propres horaires d’ouverture : de 11 heures à minuit. Pour la centaine de consommateurs niçois qui s’y rendait chaque jour, rien à craindre : au « 222 », le client est roi. «Lebutde ce péage était évidemment uniquement de contrôler chaque visiteur pour s’assurer qu’aucun policier ne puisse entrer », commente Vincent Leblond, adjoint au chef de la Sûreté départementale.
A six heures, le 23 juin, l’assaut est donné, les policiers investissent la cité. L’heure du laitier est aussi l’heure du bélier. Les portes sautent, les serrures volent en éclats. Les flics d’élite savent où frapper. De nombreux clients verbalisés (lire par ailleurs) ont parlé, ainsi que des riverains, anonymement. L’enquête des hommes et des femmes de la Sûreté départementale, appuyée par le travail des flics de terrain, a permis de « loger » plusieurs cibles.
Cinq interpellations sont opérées. La Sûreté départementale saisit sept kilos de stupéfiants. De la résine de cannabis, de l’herbe de cannabis. Comme dans Gomorra, ils tombent aussi sur un petit arsenal, cinq armes, dont deux pistolets-mitrailleurs et 45 000 euros en petites coupures. Le trafic était juteux : le « drive-in » générait entre 75 000 et 100 000 euros de chiffre d’affaires mensuel. La majorité des interpellés a été incarcérée en attendant une comparution devant le tribunal.
Cité Roquebillière : « hyper » à ciel ouvert h/
Mercredi dernier, rebelote. Un second supermarché à ciel ouvert est ciblé. Cette fois, c’est au sein de la cité Roquebillière, boulevard Louis-braille. « Une cité particulière car il est impossible d’y accéder en véhicule. Elle est complètement verrouillée par un nombre important de guetteurs », commente Vincent Leblond, de la Sûreté départementale. Cet hyper de la « beuh » présente la particularité d’être ouvert 24h/24. Il accueille 200 clients par jour et génère la somme ahurissante de 400 000 à 600 000 euros de chiffre d’affaires par mois.
L’opération a, cette fois, été menée par les antennes du Raid de Nice, de Marseille, trois chiens, et une centaine de policiers. Huit individus ont été interpellés, six ont été déférés hier. Une vingtaine de kilos de produits stupéfiants, majoritairement de la résine et de l’herbe, de la cocaïne, et, là encore, 45 000 euros et plusieurs armes, dont deux pistolets-mitrailleurs, ont été saisis. La nature ayant horreur du vide, hier, les « choufs » étaient de retour devant chaque cité...