La semaine de Claude Weill
Dimanche
Sans surprise, le second tour des régionales confirme et amplifie le premier (c’est généralement le cas dans les élections à deux tours). Les sortants sont tous reconduits, donc confortés, y compris dans notre Paca.
Au niveau régional, les électeurs (ceux qui se sont mobilisés) ont dégagé le dégagisme.
Faut-il décalquer ces résultats locaux sur la carte politique nationale et y voir une préfiguration de la présidentielle ? Ça paraît bien hasardeux. Plus que par une vague de colère, ces régionales ont été touchées par une marée d’indifférence. En déduire qu’on assiste au grand retour du clivage gauche-droite, que les Français ont signifié qu’ils ne voulaient pas du duel Macron-le Pen (expression idiote car personne ne vote pour le casting du second tour : chacun choisit son champion, pas l’adversaire !), c’est aller trop vite en besogne. Ou prendre ses désirs pour la réalité. Les sondages devraient très vite le confirmer…
Lundi
Ça s’est joué à rien. Le pied de Mbappé qui tremble un peu. La main du gardien suisse qui reste ferme. Fin du rêve européen. Que dire de cette élimination précoce de l’équipe qu’on disait invincible ? – Qu’on s’est vu trop beau. Se surestimer ou se sous-estimer, ce qui en un sens revient au même, sont les deux faces d’un « complexe français » qui fait qu’en sport comme en d’autres domaines, nous ne sommes jamais aussi vulnérables que lorsque nous faisons figure de favoris, jamais aussi redoutables que lorsqu’on nous donne perdants.
– Que le football est décidément la plus belle métaphore de la vie, où rien ne se passe jamais comme prévu. Les équipes sorties du groupe de la mort, France, Allemagne et Portugal, sont toutes passées à la trappe en huitième de finale. C’est pour ça qu’on aime le foot, ce drôle de sport où le meilleur ne gagne pas toujours. Et heureusement. Ce serait d’un ennui !
Mardi
Où l’on reparle de la réforme des retraites… Pas la grande réforme, la « systémique », avec régime universel à points, etc. Celle-là est passée aux oubliettes pour cause de crise sanitaire.
Non, il s’agirait « seulement » de relever l’âge légal de à ans. Il paraît que dans l’entourage du chef de l’état, certains l’y poussent, pour montrer qu’il ne se « dégonfle » pas devant les réformes (comme l’écrit Le Point). Les conseilleurs ne sont pas les payeurs… Mettre le pays dans la rue à six mois de la présidentielle, avec le risque de violences, voilà bien une étrange idée ! Car outre que le relèvement de l’âge légal ne figurait pas dans le programme sur lequel Emmanuel Macron a été élu, on peut être assuré qu’à ce stade du quinquennat, toute réforme, quelle qu’elle soit, fédérerait contre elle toutes les oppositions, tous ceux qui ont des vues sur . S’il faut réformer les retraites (et il le faudra !), cela doit être débattu dans le cadre de la campagne, projet contre projet. Et arbitré par le suffrage universel. Comme le dit l’économiste Nicolas Bouzou, d’ici la fin de l’année, toute la politique publique de la France doit être tendue vers un objectif unique : sortir de la crise sanitaire. « Le reste est important mais le reste attendra. »
Jeudi
Jour tranquille à la SNCF. La grève nationale lancée par plusieurs syndicats, dont la puissante Cgtcheminots, pour ce er juillet, début des départs en vacances, a fait pschittt.
Impréparation ? Effet post-covid ? Conscience chez les salariés que cette grève ne pouvait plus mal tomber au moment où la vie reprend ? Qu’un tel mouvement avait quelque chose d’indécent, alors que l’état (c’est-à-dire nous tous) a fait un effort colossal pour aider la compagnie à surmonter la crise, avec la reprise de milliards d’euros de dettes et l’injection de cinq milliards dans les comptes ? Les syndicats ont intérêt à méditer le ratage du er juillet.
Samedi
Ils (les militants d’attac) se sont levés à l’aube pour aller saloper à la peinture noire la devanture flambant neuve de la Samaritaine. Ils entendaient « dénoncer l’enrichissement indécent des milliardaires pendant la crise sanitaire, avec la complicité du gouvernement ! »
C’est surtout un acte scandaleux et d’une bêtise abyssale. La Samaritaine, n’est pas seulement un « temple du luxe » (mon Dieu, quelle horreur !), c’est une vitrine de l’excellence française. Comme le dit Anne Hidalgo, « la réouverture de la Samaritaine, après ans de travaux, c’est de l’emploi, de l’activité, de l’attractivité et du rayonnement pour Paris ».
Le problème, c’est que ce genre d’actions tend à proliférer.
On ne compte plus les mouvements qui, au nom de la Vérité dont ils se pensent détenteurs, s’autorisent à saboter, envahir, souiller, dégrader, vandaliser. Et ils bénéficient souvent de la clémence de la Justice (n’a-t-on pas entendu récemment un procureur se faire l’avocat des militants écologistes qui avaient fait intrusion dans une centrale nucléaire ?). Visibilité maximum, risques minimums. Il existerait une solution simple, que le chroniqueur soumet à la réflexion collective : retirer l’avantage fiscal (les dons déductibles à %) dont bénéficient les associations qui utilisent des moyens d’action illégaux voire délictuels. Il n’y a pas de raison que tous les citoyens, indirectement, contribuent au financement d’actes de délinquance.
« Le football est décidément la plus belle métaphore de la vie, où rien ne se passe jamais comme prévu. »