Nice-Matin (Cannes)

L’assommoir !

Tadej Pogacar a écrasé le Tour. Il s’est emparé du Maillot Jaune, hier au Grand-bornand, après une attaque à 32 km de l’arrivée. Il laisse la concurrenc­e sonnée et groggy. Le Belge Dylan Teuns a remporté une étape folle.

- Dylan Teuns.

Il y avait du Quentin Tarantino et du Sergio Leone dans le scénario de cette 8e étape. Les réalisateu­rs américain et italien auraient pu tirer les ficelles de ces 150 km à rendre marteau le plus saint des esprits, où les coureurs ont attaqué et ‘‘flingué’’ à tout-va. Dans une refonte de ces « westerns spaghetti » adorés qu’ils ont mis en scène. Il a fallu plus d’une heure pour voir la bonne échappée se former. Sous la pluie et dans le froid, le peloton a roulé à tombeau ouvert dans une étape dantesque (48km/h dans la première heure de course).

De gros écarts

Au bout, le premier rôle a été endossé par Tadej Pogacar, qui a écrasé la course. De loin supérieur, le Slovène s’est emparé du Maillot Jaune, au terme de l’arrivée jugée dans la station du Grand-bornand, et qui a vu le Belge Dylan Teuns s’imposer. Pogacar, vainqueur sortant du Tour, a reproduit la tactique de Lance Armstrong en son temps : mettre KO ses adversaire­s dans le premier rendez-vous en montagne. Cette fois, les cols de Romme et de Colombière ont été mis à profit par le jeune leader de la formation UAE (22 ans) pour s’envoler face à des rivaux qui ont vite compris. Richard Carapaz, le seul à résister au premier démarrage à 32 km de l’arrivée, a abdiqué sur la seconde attaque. Malgré sa résistance, le vainqueur du Giro 2019 - il a perdu plus d’une minute en trois kilomètres - a été balayé par l’ouragan venu des Balkans.

Les écarts au général sont monumentau­x après seulement huit jours de course : exception faite du Belge Wout van Aert, qui a couru en vain après son rêve de Maillot Jaune (2e désormais à 1’18’’), les suivants pointent à plus de quatre minutes et demie dans une hiérarchie qui reste encore à fixer…

L’extraterre­stre Pogacar, qui n’en est qu’à sa troisième saison dans le peloton profession­nel et a gagné cette année la « Doyenne » Liègebasto­gne-liège, a démontré qu’il était bien l’homme de cette 108e Grande Boucle. Dans le premier test qui l’attendait mercredi, le contre-la-montre de Laval, Pogacar avait déjà étalé sa supériorit­é accablante. Hier, il s’est retrouvé un moment quelque peu isolé, mais a retrouvé ses équipiers avant le « one-man-show » final.

Teuns : « Je dédie cette victoire à mon papa »

Son inexpérien­ce aux commandes du Tour, puisqu’il n’a enfilé le Maillot Jaune qu’à la veille de l’arrivée l’an passé, reste l’une des rares hypothèque­s sur ses chances dans ce Tour qu’il a assommé très lourdement. Au risque de relancer les soupçons qui accompagne­nt toute supériorit­é manifeste dans le cyclisme.

La volée a fait très mal. Si David

Gaudu, côté français, a accédé au top 10 du classement général, le champion du monde Julian Alaphilipp­e a perdu quelque dix-huit minutes. Pour le précédent porteur du Maillot Jaune, le Néerlandai­s Mathieu van der Poel, qui a lâché prise au pied de l’avant-dernier col, le débours est encore plus élevé, près de vingt-deux minutes. Quatrième de l’étape derrière l’espagnol Ion Izagirre et le Canadien Michael Woods, à une quarantain­e de secondes de Teuns, Pogacar s’est dit « très confiant » pour la suite, sans considérer qu’il a plié la Grande Boucle (lire ci-dessous).

« Je pense qu’il peut défendre son maillot jusqu’à la fin », a estimé pour sa part Teuns, vainqueur pour la deuxième fois dans le Tour, deux ans après son succès de La Planche des Belles Filles. Le Belge, qui est âgé de 29 ans, a apporté, après le Slovène Matej Mohoric, un deuxième succès en deux jours à l’équipe Bahrain. Même s’il a tremblé, voyant Pogacar fondre sur lui dans les derniers kilomètres. « Je savais qu’il revenait, j’ai été très prudent dans la descente mais mon vélo a dérapé plusieurs fois. J’étais inquiet, je n’ai été certain de ma victoire qu’à 1 km de l’arrivée. »

Un succès riche en émotion. « C’est fantastiqu­e de remporter une étape sur le Tour. Je dédie cette victoire à mon papa qui est décédé quelques jours avant le départ. »

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