Les métiers de la sécurité recrutent
Crise sanitaire, relance économique, important turn-over… La sécurité privée recrute sur la Côte d’azur. Certains y trouvent un tremplin pour l’emploi ou la réinsertion. Ils témoignent.
Oubliez le vigile bodybuildé aux méthodes parfois musclées. Place à l’agent de sécurité, de plus en plus souvent féminin, qui troque volontiers l’uniforme pour le costard-cravate. Le métier a changé ; l’époque aussi. Et la crise sanitaire a dopé les besoins de la sécurité privée. Des hôpitaux marathoniens aux boîtes de nuit bientôt rouvertes, tout le monde les réclame. Organismes de formation et d’insertion s’efforcent de répondre à ce phénomène de société. C’est le cas de la société Adems (1), qui vient d’inaugurer ses locaux dans le siège historique de Nice-matin ,à Nice. Son gérant, Frédéric Rigon, prévient : les besoins vont aller crescendo.
Besoin urgent de bras
400 postes à pourvoir en juillet. C’est le constat éloquent dressé par Frédéric Rigon. « Dans l’après-covid, l’agent de sécurité est reconnu comme un métier en tension en Paca. » 4 000 entreprises de sécurité y seraient immatriculées, pour un secteur qui pèse 170 000 emplois en France. La relance économique a dopé la demande, entre les places libérées par « ceux qui ont changé d’horizon professionnel », la relance de l’événementiel et les grands rendez-vous à venir en France (Coupe du monde de rugby 2023, JO 2024…).
Secteurs demandeurs
Premier demandeur : l’événementiel. Un secteur en phase de redécollage. Sur la Côte d’azur, le mois de juillet sera ainsi rythmé par le retour des festivals, dont celui de Cannes demain. Sans oublier la réouverture des boîtes de nuit vendredi 9 juillet. Autres pourvoyeurs d’emploi : boutiques de bijouterie-joaillerie, domaines privés, hôpitaux… Adems a reçu « beaucoup de demandes de renfort pour des filtrages Covid ».
Un tremplin pour l’emploi
Les métiers de la sécurité, ou la sécurité de l’emploi. Frédéric Rigon le résume autrement : « Aujourd’hui, celui qui ne trouve pas de travail dans la sécurité, c’est qu’il n’a pas envie de travailler ! » L’envie, les jeunes agents qui témoignent dans ce dossier l’ont eue. Avec un CDI à la clé.
Tremplin pour l’insertion, ces métiers offrent aussi une voie de réinsertion. Une seconde chance pour ceux « qui ont été éloignés de l’emploi à la suite d’un accident de vie : divorce, accident grave, licenciement, faillite… » Frédéric Rigon songe aux jeunes volontaires issus de quartiers en zone de sécurité prioritaire, aux artisans qui ont basculé au RSA. « Il y a des pépites chez ces gens-là. Des gens hyper-motivés. Même s’il y a des échecs, aussi. »
Mieux considéré, peu valorisé
Voilà donc un métier « en pleine expansion, qui recrute, se professionnalise, et qui est davantage reconnu par le public, souligne Frédéric Rigon. Si elle est motivée, une personne autodidacte peut faire toute une carrière. »
Forcément, c’est sur les salaires, « assez bas », que ça pêche. Frédéric Rigon les situe autour de 1 560 euros brut, auxquels peuvent toutefois s’ajouter primes de panier ou de nuit. « Et c’est un métier évolutif. Un chef de poste ou de service peut gagner entre 2 500 et 3 000 euros. » Autres inconvénients : le travail la nuit ou les jours fériés. Et « la montée inédite de la délinquance, avec une agressivité sans limite ».
Les clés pour réussir
Les prérequis : passer un test B1 (écrit, langage), ne pas avoir de casier judiciaire, et obtenir sa carte auprès du CNAPS (2). La formation d’agent de prévention et sécurité dure 180 heures, et peut s’étirer à 380 heures avec formation incendie, approche juridique, spécialisation… Les qualités requises : « Savoir-être, sang-froid, disponibilité, tact, écoute. »
Chez Adems, le directeur du centre de formation montre la voie. Houcine Boudia, 29 ans, a débuté il y a dix ans comme agent de sécurité. Son message aux hésitants : « N’hésitez pas ! Si vous voulez bosser, et que vous galérez à trouver du travail, il y a vraiment de quoi faire dans ce métier. »
1. Académie de développement et d’enseignement des métiers de la sécurité. E-mail : contact@adems-sud.com
2. Conseil national des activités privées de sécurité.