Damien : « Ça change le regard sur les autres »
« Bonjour, vous avez rendez-vous ? Dans quel service ? Vous savez où c’est ? »
Les visiteurs défilent à l’accueil de l’hôpital Simone-veil, avenue des Broussailles à Cannes. Beaucoup sont respectueux. Certains, plus nerveux. Damien, 24 ans, leur répond d’un ton égal, courtois. « Les gens arrivent stressés, anxieux, extrêmement tristes parfois. Il faut les rassurer, compatir avec eux. Se mettre à leur place… sans s’y mettre trop. »
Voilà huit mois que Damien sécurise l’accès à l’hôpital cannois. De jour à l’accueil, de nuit aux urgences. Masque chirurgical sur le nez, gilet pare-couteau sur le buste, ce jeune Antibois doit gérer la pression inhérente au poste. Rester zen. Réserver les motifs de nervosité pour ses séances de boxe, son sport favori. « C’est la vitrine de l’hôpital, la première personne que l’on voit, remarque Matthieu Navarro, responsable sûreté-sécurité de l’hôpital. Ce rôle que Damien a – et qu’il fait très bien –, c’est de l’accompagnement psychologique. De l’empathie. Il sait faire preuve de discernement, désamorcer les conflits. »
« Ils ont du courage, ces petits jeunes »
Avant d’en arriver là, Damien s’est cherché. Il jonglait entre électricité, plomberie et clim’, mais « ne savait pas trop quoi faire ».
Un collègue lui conseille le secteur de la sécurité. Damien suit trois mois de formation. Il décroche les diplômes idoines (CQP APS et SSIAP), puis signe un CDI via le centre Adems. Désormais, Damien se dit « très content d’être en sécurité. On voit vraiment de tout. Ça change le regard sur la vie des autres, même en dehors du travail. On analyse les gens dans la rue. Et l’aide à la personne vient naturellement. » Pourtant, son supérieur le rappelle : «Ils font un dur métier. Parfois ingrat. Ils ont du
courage, ces petits jeunes ! » Les confinements, les restrictions d’accès ne leur ont pas facilité les choses. Sous nos yeux, une visiteuse s’offusque qu’on lui demande son identité. Une autre, au volant, se plaint de n’avoir pu accompagner sa mère handicapée. « Bravo, hein ! »
« Attentif à tout, tout le temps »
Impassible, Damien tente de les raisonner. « Il faut parler calmement. Nous, on fait notre métier. On a des règles, il faut les appliquer. C’est dur de faire comprendre que, nous aussi, on aide. » Heureusement, il y a les autres. Ces
« Merci, monsieur, vous avez été très gentil », ou les « C’est bien d’avoir des gens comme
vous » qui touchent le coeur de Damien. « Ça fait toujours plaisir ! »
La clé du métier ? « Il faut être attentif à tout.
Tout le temps. » Savoir transmettre, aussi. Ce jour-là, Damien met le pied à l’étrier à des lycéens en stage. « De bons p’tits jeunes, sourit le jeune homme. C’est la relève ! »
Lui-même n’entend pas passer le flambeau de sitôt.