Rachel : « Avec le gilet, je suis une autre personne »
Quand Rachel part au travail en tenue, dans le quartier, certains se méfient. « C’est la police ? » La jeune femme au teint hâlé s’en amuse, dévoile son sourire lumineux : « Mais non, c’est juste la sécurité ! »
Rachel, 22 ans, a signé son premier CDI il y a deux mois. Un contrat à temps plein – « J’étais trop contente. »
Elle filtre l’accueil des clients de la concession Peugeot-citroën, à Mougins. Cette enfant des Moulins, à Nice, refusait de « se reposer sur ses parents. J’ai voulu trouver quelque chose qui me plaît… Et ça me plaît énormément. Là, j’ai trouvé mon bonheur, vraiment ! »
Au départ, ce choix n’est pourtant pas évident. Au lycée, Rachel révèle ses talents en maroquinerie. Mais elle est desservie par ses notes en maths et en français. On l’oriente vers un CAP sellerie. Elle ne s’y retrouve pas. S’oriente vers l’animation. Puis se retrouve sans travail pendant des mois. « J’habite au fin fond des Moulins. C’était un peu difficile de trouver du travail… »
« J’ai pris confiance en moi »
L’agence T Plus l’oriente alors vers la sécurité. « J’ai dit : “Pourquoi pas ?”
J’ai toujours aimé l’uniforme. » Ce choix peut susciter des réticences dans son quartier. La jeune femme le sait. Tant pis. Elle effectue trois mois de formation en APS (Agent de protection et de sécurité), puis SSIAP (Service de sécurité incendie et d’assistance à personne). Et la voici sur le terrain. Accomplie. Épanouie. « Je me sens plus à l’aise pour communiquer. J’ai pris confiance en moi. Quand j’enfile le gilet, je suis une autre personne. » Rachel aime « protéger les gens », « voir de nouvelles têtes »,
être « le reflet des gens » quand elle leur sourit. Le sourire, meilleure arme pour désamorcer les tensions. Alors oui, Rachel « doit avoir les yeux partout, ne pas se louper, faire attention quand tout le monde se lâche
après le confinement ». Mais elle sent bien que le regard sur elle a changé.
« Les personnes me respectent davantage. » Une claque à l’image d’épinal selon laquelle la sécurité serait «un métier d’hommes ». Rachel le prouve :
les femmes sont « très protectrices. Et on a du caractère ! »