Bloquée à Dubaï en tentant de récupérer son fils Mentonnaise
Hind, 41 ans, une mère de deux enfants, a tenté de récupérer son fils de quatre ans parti avec le père à Dubaï. Elle y est depuis piégée, selon son avocate niçoise.
La voix au téléphone est tremblante. Hind lance un appel de détresse depuis sa chambre d’hôtel à Dubaï : « C’est trop dur. J’ai besoin de voir mon fils. J’ai mal au ventre de savoir que je n’ai pas le droit de voir mon propre enfant que j’ai mis au monde. »
« Ma cliente est désespérée », confirme Me Houdé Khadraoui-zgaren. L’avocate niçoise remue ciel et terre pour attirer l’attention sur la situation de sa cliente, une Mentonnaise de 41 ans, mère de deux enfants de 4et2ans. « Elle n’a plus aucune ressource. Toute sa famille, ses amis tentent de l’aider dans la mesure de leurs possibilités. L’ambassade lui apporte aussi une aide, mais modeste. » Hind se trouve dans une situation inextricable depuis qu’elle a tenté de rapatrier son fils aîné, emmené à Dubaï par Farid, le père. Le couple, après dix ans de relations, s’est déchiré.
Farid, Franco-algérien de 46 ans, ancien juriste à Monaco, a décidé dans un premier temps de créer une société de conseil, multipliant les allers-retours entre la France et les Émirats arabes unis. Courant 2019, il s’est rendu à une réunion d’affaires avec son fils alors que Hind était enceinte du second enfant. « Sous le prétexte de la soulager, il est reparti en décembre avec l’enfant à Dubaï. C’est alors qu’il a annoncé son souhait de s’installer définitivement à Sharjah avec le petit », explique Me Houdé Khadraoui-zgaren.
Hind s’est rendue dans le golfe Persique en mars, bien décidée à repartir avec son fils aîné à Menton. Alors qu’elle devait rentrer le 28 mars, elle est, depuis, bloquée à Dubaï. « Le père a soustrait les passeports des deux enfants et leur interdit de quitter le territoire. »
L’ambassade de France a fourni un laissez-passer consulaire à la mère mais le père a, dans le même temps, déposé plainte contre son épouse pour blasphème et pour des violences, ce qui a empêché
Hind de sortir du pays avec les enfants.
Joint par téléphone, Hind, au bord de la crise de nerfs, confirme et accuse son ex-compagnon d’avoir tout prémédité, l’accusant en filigrane de radicalisation, leur conception de l’éducation des enfants étant devenu irréconciliable.
Un jugement sans effet
En France, l’avocate a saisi le juge aux affaires familiales de Nice. Le magistrat a décidé de « mesures provisoires afin de préserver les droits de la mère et les intérêts des enfants. » Il rappelle que la résidence habituelle des enfants est en France, et ordonne au père de restituer les passeports des enfants, « afin de permettre à ces derniers de suivre leur scolarité ».
« Le père était absent et n’a pu faire valoir ses droits devant le juge », déplore l’avocat de celui-ci, Me
Sefen Guez Guez. Quant à l’argument d’une dérive fondamentaliste du père, là encore, Me Guez Guez balaie l’argument d’un revers de manche. Pour lui, « la situation n’est pas compliquée » : « L’enfant est chez son père. Monsieur a déposé plainte parce qu’elle a essayé d’enlever l’enfant et qu’elle a frappé son mari. C’est un conflit familial… Madame peut tout à fait rentrer en France. »
À Menton, les amis de Hind s’organisent, conscients que le temps joue en faveur du père. Après avoir lancé une cagnotte en ligne, interrompue de manière incompréhensible selon ses initiateurs, une chaîne de solidarité s’est organisée pour couvrir les frais conséquents d’hôtel et de l’avocat émirati. «Jene partirai jamais sans mes enfants. Je ne lâcherai jamais », prévient Hind.