Nice-Matin (Cannes)

Restaurati­on : la galère pour recruter

En ce début d’été, le secteur de la restaurati­on manque de personnel, qualifié en particulie­r. Les profession­nels de la Côte d’azur attestent que ce n’est pas nouveau, Pôle emploi parle d’un effet entonnoir. Ils témoignent.

- ALICE PATALACCI apatalacci@nicematin.fr

Les gens ont pris l’habitude d’avoir une vie de famille, d’autres se sont reconverti­s… c’est la galère », explique un restaurate­ur niçois. Depuis la réouvertur­e des établissem­ents de l’hôtellerie, du café et de la restaurati­on (HCR), des postes sont à pourvoir. Problème : les candidats manquent à l’appel. Une observatio­n partagée par Fred Ghintran, vice-président de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) des Alpes-maritimes.

« Différent d’il y a  ou  ans »

« Ce sont des métiers compliqués, avec des horaires décalés, du travail en coupure… la situation est tellement différente d’il y a 20 ou 30 ans. La notion de plaisir, de bien-être, est beaucoup plus centrale », explique-til. Le restaurate­ur précise aussi qu’il est de plus en plus dur de former un jeune, à son arrivée. « Les élèves arrivent avec une vision faussée du travail, il faut reprendre beaucoup de choses », pose-t-il. D’autant que l’école hôtelière et de tourisme Paulaugier à Nice peinerait, selon lui, à recruter des élèves. «Commeilya moins de jeunes, ils ont fermé une classe l’an dernier. Sur la Côte d’azur, où on vit majoritair­ement du tourisme, ce n’est pas anodin », déploret-il.

Également à la tête de la Fédération économique unique (FEU), un groupement d’entreprene­urs de différents secteurs, Fred Ghintran estime que cette difficulté à recruter est un frein au développem­ent des établissem­ents. « Les entreprene­urs ont de plus en plus de règles à suivre et de responsabi­lités. On aimerait revalorise­r les salaires pour rendre les métiers plus attractifs, mais on subit la pression fiscale », précise-t-il. Ajoutant une propositio­n : que l’état allège les charges sociales qui pèsent sur les emplois pénibles. Afin de transvaser cette économie, dans les salaires des employés. « Il faut récompense­r ces métiers », ponctue-t-il.

Les plages privées cherchent aussi

Même son de cloche du côté des plages privées. « Ça a toujours été difficile de trouver un bon élément, particuliè­rement en cuisine », indique René Colomban, le président du syndicat des plages de Nice. La faute encore, selon lui, aux écoles qui formeraien­t de moins en moins bien. Comme ses confrères restaurate­urs, il parle d’un secteur qui s’est profession­nalisé, avec des conditions de travail plus agréables qu’auparavant. « À 42 heures par semaine, avec deux jours de congé et des paies correctes, je suis étonné que les jeunes ne se tournent pas plus vers la cuisine », étaye-t-il.

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(Photo Frantz Bouton) Malgré le fait que le domaine de l’hôtellerie, du café et de la restaurati­on se soit profession­nalisé, les candidats se font rares, en cette période estivale.
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(Photo Dylan Meiffret) Des métiers compliqués qui attirent moins ? Sur la Côte d’azur, ici à Antibes, on emploie le terme de « pénurie ».
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