Nice-Matin (Cannes)

« Nous n’avons pas le choix, il faudra faire en fonction du personnel disponible »

- MARGOT DASQUE 1. À sa demande, le prénom a été changé.

Avant c’était un métier. Aujourd’hui ? C’est un job. » Non, ce n’est pas de gaieté de coeur que Mamo dresse le constat. Sous le regard des Rihanna, Magic Johnson ou encore Jean-paul Belmondo placardés aux quatre coins de son antre de la rue des Cordiers à Antibes, le « restaurate­ur des stars » ne peut que regretter : les passionnés se font de plus en plus rares dans son secteur.

Peu de candidats, manque d’expérience

Moi j’ai 72 ans, j’ai fait ma vie. Mais je pense aux jeunes, à ceux qui se lancent. C’est plus que jamais compliqué. Nous n’avons pas le choix, il faudra faire en fonction du personnel désormais… » Une adaptation nécessaire que les établissem­ents adoptent : retrait d’un service, réduction du nombre de couverts, carte revue et corrigée. Chacun à sa sauce pour pallier le manque de personnel.

Du côté du Caméo, place Nationale, ce sont quelques tables en moins qui témoignent de cette situation. Sur la vitrine, une annonce donne le ton : « Recrutons pour la saison, serveur(se), limonadier, cuisinier. » Derrière le zinc, Lilween (1) reconnaît n’avoir jamais vu ça en vingt ans d’expérience : « Il nous manque quatre, cinq personnes. On a contacté Pôle emploi, les agences d’intérim, fait un appel sur le site Indeed… » Et au final ? « Nous avons deux Napolitain­s qui montent ici pour travailler chez nous. » La principale problémati­que à laquelle sont confrontés les pros du secteur ? Le manque d’expérience des candidats. « On voit des petits jeunes postuler. Ils n’ont aucune expérience. D’habitude cela ne pose pas de problème quand on les forme au printemps. Mais là, c’est autre chose, la saison a déjà commencé, on ne peut pas leur apprendre tout, c’est le feu. Ce serait regrettabl­e pour la personne qui découvre la profession, tout comme pour la qualité du service », indique Firas devant l’affaire familiale La Marguerite qui, tout comme ses confrères, explique la perte de cuisiniers et serveurs confirmés par l’effet confinemen­t : « Les gens ont eu besoin de travailler, ils ont fait leur reconversi­on. Quant à ceux qui se dirigeaien­t dans cette voie, ils ont revu leurs plans. »

Et ne croyez pas que le problème est uniquement local, voire strictemen­t franco-français ! « Jusqu’à récemment, mon fils ne pouvait assurer le brunch à Mamo New York. Maintenant c’est réglé mais il a eu du mal à trouver des gens pour compléter son équipe », indique le fondateur du Michelange­lo qui, depuis, a également pignon sur rue à Riyad.

Les prochains mois ? Les gérants haussent les épaules. Pour beaucoup, le variant Delta représente une épée de Damoclès. Un discours que l’on retrouve place Nationale : « On sait qu’on va à nouveau fermer en 2021 avec de nouvelles mesures. Reste à savoir quand et comment. » Trouver du personnel sera donc là aussi une autre paire de manches…

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(Photo Cyril Dodergny) Chez Mamo, « restaurate­ur des stars » à Antibes, l’équipe est au complet.

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