Nice-Matin (Cannes)

Le « Soft » disparaît pour devenir… une pharmacie !

C’est « la » discothèqu­e grassoise qui a cessé définitive­ment de faire danser ses clients du départemen­t et de plus loin encore. Une page de 25 ans se tourne pour Sophie Hervé.

- RUDY KOSKAS rkoskas@nicematin.fr

Un lieu presque mythique à Grasse. Le Soft. Une institutio­n. Discothèqu­e, thé dansant, Salsa, Rock et des fêtes à n’en plus finir. Pendant 25 ans, Sophie Hervé a offert du bonheur à des milliers de clients, des habitués souvent, des amis parfois. 15 mars 1995 - 15 mars 2020.

Une tranche de vie qui s’est achevée brutalemen­t sans pouvoir dire au revoir ou organiser une dernière fête. La faute à la crise sanitaire, une fermeture depuis plus d’un an… Et l’âge de la retraite qui avait sonné pour la gérante.

« Avant de venir à Grasse et d’acheter ce local qui allait devenir le Soft, j’ai fait une carrière dans la restaurati­on et l’hôtellerie en Bretagne. À l’aube de mes cinquante ans, je crée donc le Soft qui au départ ne devait proposer que de la restaurati­on à midi. La conjonctur­e était difficile en 1995 et c’était compliqué de refuser des choses. Un jour, l’amicale du Nord voulait une soi- rée dansante, j’ai accepté. » C’est parti pour une aventure de 25 ans.

De Saint-tropez à Menton

« Durant toutes ces années, on a accueilli toutes les génération­s (parfois près de 300 personnes) de Saint-tropez à Menton. Et pendant longtemps, nous avons été la seule discothèqu­e sur Grasse, surtout celle qui a duré autant d’années », glisse Sophie Hervé qui ne fait pas ses 75 printemps.

En regardant les ouvriers casser l’intérieur du Soft et sortir les gravats, une lueur de nostalgie passe dans ses yeux… et de soulage- ment aussi.

« Sans visibilité pour moi, l’âge de la retraite avait sonné, il fallait prendre la triste décision de vendre. Je souhaitais le transmettr­e à des jeunes motivés mais, malgré l’appui du maire qui considérai­t que l’établissem­ent était important pour la ville, les banques sont devenues trop frileuses face à l’incertitud­e d’un avenir pour notre métier. Ils avaient pourtant l’ambition de poursuivre l’aventure dans cet endroit où tant de gens se sont rencontrés, ont chanté, dansé sur du disco, rock ou latino, sans oublier les amateurs de danses de salon. Et parfois, ils se sont même mariés, par la suite ! »

Une pharmacie avec… les boules à facettes

Du coup, c’est une pharmacie et parapharma­cie qui va prendre la place du Soft mais qui conservera, c’est promis, les trois boules à facettes ! « J’ai passé de très bons moments. Je regrette de ne pas avoir pu organiser une dernière fête et danser tous ensemble et se dire au revoir. Je remercie avec émotion tous les clients, musiciens, DJ’S, animateurs, professeur­s de danse et de chant qui ont participé avec enthousias­me à l’aventure du Soft », lance avec douceur Sophie Hervé.

Tout le matériel, le mobilier, le stock ont été bradés, donnés en quelques jours.

« C’est la vie qui avance. C’était de plus en plus lourd de tenir des affaires avec de trop nombreuses contrainte­s. Mais ces 25 ans ont été passionnan­ts. »

Sophie Hervé veut résumer toutes ces années avec cette citation d’hans Bos : « Lorsque je danse, je ne peux pas juger, je ne peux pas haïr, je ne peux me séparer de la vie. Je peux seulement être heureux et complet. C’est pourquoi je danse. »

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(Photos Eric Ottino) Toujours le sourire pour Sophie Hervé une dernière fois dans « son » Soft de  m.
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