Couple tué à Tourves, le mystère reste entier
Les corps sans vie des propriétaires du Domaine des Sources ont été découverts samedi. Les autopsies des victimes auront lieu demain et jeudi. Une modélisation 3D de la scène de crime a été effectuée.
Quatre jours après le double homicide au Domaine des Sources à Tourves, dans le Var, le mystère demeure entier. Les gendarmes de la brigade de recherches de Brignoles, épaulés par ceux de la section de recherches de Marseille, n’ont à l’heure actuelle fermé aucune piste – mise à part peut-être celle du drame conjugal – pour expliquer les meurtres des propriétaires, Marie-laure et Patrick, âgés de 63 et 65 ans, dans la matinée de samedi. « Nous sommes dans une période extrêmement sensible de l’enquête, indique le commandant Pascal. Les investigations viennent de débuter et des moyens importants sont déployés. Il est important de récolter les preuves le plus rapidement possible. »
Modélisation de la scène de crime en D
L’ensemble des convives qui devaient assister à la fête de mariage qui aurait dû avoir lieu samedi après-midi au Domaine des Sources a pu être entendu par les services d’enquête, ainsi que les proches des victimes, particulièrement choqués. Désormais les gendarmes cherchent à « faire parler » les indices découverts aux abords et à l’intérieur de l’habitation.
À cet égard le parquet de Draguignan a indiqué hier après-midi qu’une modélisation de la scène de crime en trois dimensions à une échelle réduite avait été effectuée. En attendant les autopsies des victimes qui auront lieu demain et jeudi, elle devrait permettre aux enquêteurs d’aborder sous un autre angle le déroulement des faits et notamment de déterminer dans quel ordre les coups de feu ont été tirés.
Un chien pris également pour cible
Car c’est bien par arme à feu que le couple a été tué. Plusieurs douilles – de calibre 22 LR selon nos confrères du Parisien – ont été retrouvées. Quatre balles ont atteint le mari, « dans des zones létales du corps », alors qu’il se trouvait dans l’entrée de la demeure, et au moins trois son épouse, découverte « recroquevillée » sous la douche, le robinet ouvert. Selon nos informations, l’un des chiens de garde a même été pris pour cible par le ou les tueurs. Touché au cou, il a été sauvé par un vétérinaire.
Ce déchaînement de violence a débouché sur une scène de crime particulièrement étendue et sanglante. Les techniciens en identification criminelle sont ainsi épaulés depuis dimanche par un spécialiste en morphoanalyse des traces de sang. Les positions dans lesquelles les victimes ont été retrouvées posent aussi question. Le propriétaire, qui a pratiqué le judo dans sa jeunesse, aurait-il résisté lors d’un possible home-jacking et été la victime de la panique de son agresseur, qui aurait ensuite décidé d’assassiner Marielaure ?
Car si aucune piste n’est privilégiée, les gendarmes se penchent d’abord sur celle d’un crime crapuleux.
Coffre-fort ouvert
La chambre du couple a en effet été fouillée et le coffre-fort ouvert. Certains placards ont également été vidés. Pour autant, « ce n’est pas le bazar intégral, a confié au Parisien une source proche de l’enquête. Mais il y avait une volonté de fouiller les lieux et de trouver des choses. De l’argent, des documents, difficile à dire, tout reste ouvert… » Mais pour les connaissances des victimes, ce mobile ne tient pas. « La crise sanitaire avait fait du mal à leur entreprise, confie ainsi un ami proche. Ils ne roulaient pas sur l’or, je pense même qu’ils avaient des difficultés…»
Outre l’hypothèse d’un conflit familial, deux autres pistes pourraient intéresser les gendarmes. Un conflit commercial portant sur l’acquisition d’un bien immobilier semblait opposer le couple au vendeur. Les propriétaires avaient eu également maille à partir avec des locataires il y a quelques années. Mais tout s’était, apparemment, réglé. Dans le passé toujours, le couple avait connu des difficultés dans la gestion de leurs auto-écoles.
Autant des vérifications que devront effectuer les enquêteurs, qui s’attachent dans le même temps à savoir par où est passé le meurtrier. Car si le domaine de 17 hectares paraît ouvert sur la nature, une seule route d’accès permet de rejoindre la demeure principale. « Le portail est toujours fermé et il y a trois chiens qui surveillent, confie un voisin. Pour rentrer, il faut avoir le code. Ou sinon passer à pied, mais de l’autre côté de l’autoroute. Ce n’est pas facile. » Quatre jours après les faits, les enquêteurs ont donc de nombreuses portes à refermer avant de parvenir à faire éclater la vérité.