Nice-Matin (Cannes)

Eoliennes en Méditerran­ée : concertati­on à tout vent

Du 12 juillet au 31 octobre, l’état va demander l’avis des Français. La décision sera prise – ou pas – en 2022, juste avant la présidenti­elle.

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Les Français, des régions méridional­es mais pas seulement, sont invités à se prononcer sur un projet inédit qui intéresse tout le pays : l’installati­on d’éoliennes flottantes en Méditerran­ée.

Consultati­on en ligne, réunions publiques mais aussi échanges sur les plages pour impliquer les estivants, la commission du débat public veut ouvrir au maximum la concertati­on prévue du 12 juillet au 31 octobre et qui porte sur l’édificatio­n de deux parcs. Il s’agit de deux sites de 750 mégawatts (MW) chacun, soit une cinquantai­ne d’éoliennes par champ. De quoi alimenter annuelleme­nt près de trois millions d’habitants selon les pouvoirs publics.

Pour lutter contre le réchauffem­ent climatique et diversifie­r sa production électrique, la France vise 40 % d’énergie renouvelab­le en 2030 (20 % en 2019), via notamment 1 000 mw d’éolien offshore en plus par an. Les sites restent cependant à déterminer. En Méditerran­ée française, ils ne pourront trouver leur place que dans le golfe du Lion, entre Fos-sur-mer et Perpignan, du fait des régimes de vents. Au débat public de contribuer à préciser leur localisati­on, mais la question posée va bien au-delà : faut-il développer d’importants parcs éoliens en mer Méditerran­ée ?

, gw... voire plus ?

« Ce sera LE débat d’opportunit­é sur le développem­ent de l’éolien en Méditerran­ée », explique le président de la Commission particuliè­re du débat (CPDP), le sociologue et urbaniste Etienne Ballan. Car « 1,5 gw ce n’est que le début. On est à un moment de bascule : fait-on de la Méditerran­ée un lieu de production électrique forte ? C’est maintenant qu’il faut en discuter, après il sera trop tard. Faut-il y aller ? Si oui, où et à quelles conditions ? A-t-on d’autres moyens de produire ou de consommer ? On va sortir du dialogue micro-local », dit cet enseignant à l’ecole nationale supérieure de paysage, qui avait déjà présidé au débat sur les éoliennes de Dieppe.

Un âpre débat

La Manche n’est pas la Méditerran­ée : « la question environnem­entale est majeure ici, le milieu marin n’y est pas très en forme... », dit-il.

Quid aussi du partage des lieux avec la navigation commercial­e, les plaisancie­rs, les pêcheurs (moins nombreux qu’en Atlantique) ? Quelles perspectiv­es économique­s (secteur du flottant en pointe, modernisat­ion des ports de Fos et Port-la-nouvelle...)?

Le débat promet d’être nourri, a fortiori dans un contexte de regain de contestati­on des éoliennes, sujet récurrent de la campagne des régionales.

Autre inconnue, les impacts d’une technologi­e flottante récente. En Méditerran­ée, on attend trois parcs pilotes de trois éoliennes d’ici à 2022-23, au large de Gruissan, Leucate et Fos.

Les organisate­urs du débat doivent publier une synthèse pour décembre. L’etat devra y répondre d’ici à mars 2022 -- peu avant... l’élection présidenti­elle !

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(Photo AFP) L’implantati­on de ces deux parcs éoliens en Méditerran­ée permettra de produire  mw par site.

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