Estrosi : « Le président de L’OM a eu une attitude inqualifiable »
Le maire de Nice, qui s’en était jusqu’alors tenu à un tweet, est revenu, vingt-quatre heures après le match, sur les événements. Pour fustiger l’attitude du président marseillais Pablo Longoria.
Hors de lui. Écoeuré par des mots entendus et par des gestes vus, Christian Estrosi estime que le comportement, selon lui inadapté et même « inqualifiable » du président de L’OM Pablo Longoria, a considérablement envenimé l’ambiance, dimanche soir. Le maire de Nice soupçonne une stratégie du club adverse, mais s’en remet aux autorités du football pour statuer. Il s’en explique ici, ayant réservé son analyse à Nice-matin.
Comment, au-delà de votre tweet, réagissezvous à la sinistre soirée de dimanche ?
C’est la première fois, depuis des années, que j’assiste à un aussi pénible spectacle pour le football. Le voir dans l’allianz Riviera m’a terriblement attristé. J’ai pris vingt-quatre heures pour mûrir ma réaction après ces images qui me taraudent. En essayant de prendre le recul et la hauteur nécessaires, sans me précipiter, comme mon collègue de Marseille (N.D.L.R. : Benoît Payan), qui n’était pas présent, pour dire tout et n’importe quoi. Mais cela a toujours été mon principe : j’estime que les responsables publics et le foot ne font pas bon ménage, et que nous n’avons pas à faire ingérence dans des instances mieux placées pour arbitrer et, le cas échéant, pour sanctionner. J’essaie de ne pas être partisan. Les jets de bouteilles par quelques supporters ne doivent pas conduire à un amalgame avec l’ensemble des supporters. Pour ceux d’entre eux qui s’y sont livrés, c’est inadmissible. Naturellement, je souhaite que les fautifs soient interdits de stade durablement. Mais je salue l’immense majorité des supporters qui ont été euxmêmes - certains me l’ont fait savoir - extrêmement choqués.
Qu’avez-vous exactement vécu ?
Des choses se sont passées sur le terrain. D’autres, à la tribune où je me situais, avec mon épouse, notamment au côté du président Rivère et de sa femme. Sur la rangée de derrière, nous avions le président de L’OM et ses accompagnateurs, assortis de leurs gardes du corps. De la part du président de L’OM : des invectives à l’égard de l’arbitre, de nos joueurs, des invectives que nous pouvions prendre pour nous-mêmes, des hurlements permanents ; une attitude agressive, violente, détestable. Vers la fin du match, nous avons senti une sorte de montée dans les tours avec, en bas, un coach qui semblait pousser ses joueurs à la provocation permanente. Était-ce une tactique ? Les premiers jets de bouteilles sont intervenus bien avant l’incident, j’estime que l’arbitre aurait déjà dû intervenir en menaçant de suspendre le match. Face à cette légèreté de l’arbitrage, quand nous avons marqué notre but et senti que nous pouvions remporter, il y a eu une montée en puissance. Un président, un coach, un joueur professionnel doivent, en toutes circonstances, garder leur sang-froid et rester dignes. Si le geste des supporters qui ont lancé des bouteilles est inacceptable, celui de Payet l’est encore plus, dans la mesure où, dans une enceinte de spectateurs, un pro ne doit pas faire prendre le risque d’un tel embrasement en renvoyant le projectile dans le public. C’est ce qui a mis le feu aux poudres. Je crois avoir lu dans le règlement que, lorsqu’un joueur a ce type d’attitude, c’est un carton rouge.
Des invectives à l’égard de l’arbitre, de nos joueurs, [...] des hurlements permanents”
Mais on n’entre pas sur un terrain pour se faire agresser physiquement… C’est bien la raison pour laquelle je dis que ce comportement est inadmissible. Mais je ne pardonne pas pour autant le geste du joueur marseillais.
Comment concevoir qu’il soit aussi facile, pour des supporters, de descendre sur la pelouse ?
C’est une vraie question. Je ne suis pas un responsable du foot professionnel pour entrer dans ce débat, mais il s’agit d’une infraction caractérisée. Pour moi, ce sont des comportements inacceptables. Pour autant, croyez-moi et il y a d’autres témoins, le président de L’OM s’est comporté comme personne n’a le droit de le faire dans une tribune présidentielle. Il avait même des gestes et des mots extrêmement violents et d’une vulgarité inqualifiable. Y compris à l’égard de l’épouse du président Rivère. Avant de provoquer, en bas, disonsle, un début de bagarre.
Les Marseillais qui ne reviennent pas sur le terrain : selon vous, une stratégie ?
Des joueurs en perdition. Et moi, impressionné par l’hystérie du président de
L’OM. Je pense que l’immense majorité des citoyens marseillais le déplorent autant que moi, pour le foot en général. Ceux qui ont jeté des bouteilles ont eu un comportement inadmissible, le président de L’OM et le coach aussi, et j’ai vu des coups portés sur des joueurs niçois qui ont su garder leur dignité.
Le match devait-il reprendre ? La ministre, devant des images accablantes, pense que non.
C’est ce qu’a considéré l’autorité du ministère de l’intérieur, en la personne du préfet des Alpesmaritimes, estimant avec la Ligue, au bout d’une heure et quart d’analyse et de réflexion, que les conditions de sécurité étaient réunies. On ne se défile pas. On n’est pas là pour avoir des arrièrepensées et pour faire des calculs. Le sport, c’est de jouer le match jusqu’au bout. Je n’ai donc pas le même avis que
Mme Maracineanu. Je pense qu’en comprenant la réaction des Marseillais, la ministre n’est pas dans son rôle. Tout cela doit conduire à ce qu’il y ait un vrai travail entre les collectivités, propriétaires de stades, la Ligue et la Fédération française de football, en concertation avec le gouvernement, pour imposer des règles beaucoup plus strictes sur le rôle et la présence des supporters.
L’interdiction de la Populaire et l’exclusion à vie de supporters extrêmes : rien de tout cela ne s’impose aujourd’hui ?
À vie, c’est excessif. S’il s’agit d’un gamin de seize ans, lui interdire le stade pour quelques années, c’est déjà une bonne leçon. La perpétuité, est-ce juste ? Mais que ce soit clair, je n’excuse rien. Comme je l’ai dit, il appartient aux instances du sport de prendre des décisions. Par ailleurs, le procureur de la République a ouvert une enquête préliminaire et naturellement, je lui fais confiance pour déterminer les responsabilités qui incombent aux uns et aux autres et pour que les sanctions judiciaires les plus adaptées soient prononcées.