Nice-Matin (Cannes)

« Tristesse et amertume »

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Cela fait onze ans que JC Reun’s (c’est ainsi qu’il préfère se faire appeler) est rentré d’afghanista­n. Mais cet ancien militaire du 21e Régiment d’infanterie de Marine de Fréjus n’a rien oublié d’un pays où il a servi pendant six mois, de juin à novembre 2010. « Six mois sous tension », confie-t-il. Six mois qui l’ont marqué à vie.

Aujourd’hui, reconverti en forestier-sapeur dans les Alpes-maritimes, JC Reun’s n’a rien raté des derniers événements en Afghanista­n. Un retour au pouvoir des talibans vécu « avec tristesse et amertume ».

« On a contribué à la paix »

Il s’explique. « Ceux qui ont servi en Afghanista­n ont tous laissé une partie d’eux-mêmes. À la 4e Compagnie de combat, on y a même laissé des frères d’armes, le caporal-chef Panezyck et le capitaine Mezzasalma, tués le 23 août 2010 dans une embuscade, dans la vallée de Bédraou. Alors, après tous nos efforts, nos sacrifices, nos peines, voir revenir les talibans à Kaboul, ça fait mal. »

Pour autant, JC Reun’s se refuse catégoriqu­ement à dire que l’armée française est intervenue en Afghanista­n pour rien, que 90 de nos soldats y ont laissé leur vie pour rien. Ne serait-ce que pour les familles de ces derniers.

« Même si on est revenu à la case départ, je me raccroche à l’idée que pendant les dix années de présence française en Afghanista­n, on a offert un répit à la population civile. Avec la constructi­on de puits, d’écoles, de ponts dans le cadre des actions civilo-militaires, on a amélioré le quotidien des Afghans. On a contribué à la paix. Rien que pour ça, ça valait le coup. »

Bien sûr, avec ses anciens camarades avec qui il continue d’échanger, JC Reun’s se pose aussi des questions. Surtout en assistant à la déroute de l’armée nationale afghane. « Je ne comprends pas qu’ils ne se soient pas battus pour leur pays, leur liberté. Je suis triste pour eux. Triste pour nous. » Mais, encore une fois, il ne remet pas en question son engagement.

« Quand j’ai été envoyé là-bas, j’avais à peine 23 ans. C’est jeune pour s’intéresser à la géopolitiq­ue. J’y suis allé sans réfléchir, parce que c’était ma mission. Depuis, je me suis beaucoup intéressé à l’afghanista­n. J’ai beaucoup lu. On ne pouvait pas laisser ce pays être le vivier d’al Qaeda. »

Un pays complexe, « aux hommes rudes ». Mais un pays d’une beauté « à couper le souffle ».

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(Photo DR) Le caporal JC Reun’s du temps où il était déployé en Afghanista­n avec le e Régiment d’infanterie de Marine de Fréjus en .

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