De Rio à Antibes, la métamorphose d’une vie
Une vie incroyable retranscrite sous forme de poèmes. Le livre de Lilian Da Silva retrace son parcours atypique bercé par la métamorphose qu’elle a vécue. Née au Brésil, elle fuit la dictature en 1968 et s’installe en Californie avec ses parents pour, par la suite, tout abandonner par amour... et atterrir en France, aujourd’hui à Antibes.
Le bonheur en anglais la douleur en français
En collaboration avec le peintre Irène Hamilton, ses poèmes reviennent sur les trois grandes étapes de sa vie, rythmée par ses trois grands voyages. Raconter les différents moments de sa vie est compliqué. Chaque événement heureux est exprimé en anglais. En revanche, chaque douleur et souffrance sont rapportées en français. Un multiculturalisme qui lui permet, tout comme elle le fait dans son livre, de différencier les bons et les mauvais moments de sa vie. Alors qu’elle rêve d’un prince charmant, d’une vie paisible, le climat négatif et le régime dictatorial brésilien pousse Lilian Da Silva, 16 ans, et sa famille, à quitter le pays : « Mon père nous a dit que nous n’avions pas le choix. Nous n’étions plus en sécurité », raconte-t-elle, la voix nouée. Elle a perdu de nombreux amis : « Ils ont disparu du jour au lendemain. Pendant la dictature, ceux qui voyaient autrement gênaient. Ils réfléchissaient et remettaient en question le régime au pouvoir. Celui-ci décidé de les faire disparaître. » Ses premiers poèmes racontent alors ses émotions, sa naïveté et ses peurs tout au long de cette période difficile.
Expatriée en Californie en 1969, elle découvre une autre manière de voir la femme : « Nous étions libres. Libres d’être qui l’on veut, de dire ce que l’on pense. Libres d’être heureuses. » Elle rencontre son mari avec qui elle a une première fille. Elle expérimente un réel contraste entre la volée en éclat de ses rêves d’enfant au Brésil et la possibilité de les réaliser aux États-unis.
Montagnes russes
Alors qu’elle a « une vie de rêve » en Californie, Lilian Da Silva lâche tout pour suivre son mari d’abord en Algérie puis en France. Une descente aux enfers pour elle. «La France représente beaucoup de souffrance et de déception, dit-elle. Mon mari a changé et nous avons divorcé. Je ne me respectais pas et j’acceptais d’être maltraitée. »
Un nouveau retour sur terre un peu trop brutal qui l’a ramené à son passé de jeune fille au Brésil. « Je me suis de nouveau senti invisible », déplore-t-elle. Malgré la mort de ses parents et des choix de vie pas toujours réussis, Lilian est parvenu à se relever. « Ce recueil m’a permis de me rendre compte de tout ce que j’avais vécu. » Grâce aux mots qu’elle a su mettre sur ses maux.
L. M. ■ Métamorphoses, Lilan Da Silva aux éditions Le Lys Bleu. 19,20 euros. 134 pages.