« Si cela peut sauver ne serait-ce qu’une seule vie, j’y suis favorable »
Me Romy Collard Lafond, du barreau de Marseille, est avocate au sein du cabinet Collard & associés.
Spécialisé dans le dommage corporel, son cabinet intervient pour des victimes lourdement blessées. L’avocate réagit à la fronde anti-ralentisseurs.
Les anti-ralentisseurs les jugent dangereux. Partagez-vous leur avis ?
On a déjà eu les adversaires aux radars... Mais on sait que la vitesse est l’une des principales causes des accidents de la route. Tout ce qui peut, d’une façon ou d’une autre, avoir un impact sur cette réduction de vitesse me paraît bénéfique. Ces dernières années, les mesures mises en place pour réduire les accidents ont porté leurs fruits.
On a surtout parlé de la vitesse sur les autoroutes et départementales. Le ralentisseur a-t-il toute sa place sur les autres routes ?
C’est un débat qui n’a pas lieu d’être. La vitesse est très accidentogène ! Or, on a eu un été très meurtrier sur les routes, quelles qu’elles soient. À Marseille, nous avons eu 14 morts en juillet : la route a plus tué que la drogue ! J’ai eu des dossiers d’accidents avec des gamins très grièvement blessés en ville, et l’un d’eux amputé... Après vingt ans de métier, je suis toujours aussi révoltée. C’est un fléau ! Or, quand on se donne le moyen d’être protégés sur nos routes, la mortalité diminue.
Hormis les ralentisseurs, quels peuvent être ces moyens ?
Les radars, la prévention, la répression... Mais quand on en est au stade de la répression, c’est trop tard. Si on peut éviter d’en arriver là, on évite que des familles soient endeuillées. L’objectif, c’est de ne pas baisser la garde. Les ralentisseurs, si cela peut sauver ne seraitce qu’une seule vie, j’y suis favorable.
Et la limitation à 30 km/h en centre-ville ?
J’y suis favorable aussi. On a longtemps pensé que les accidents les plus graves se produisaient sur autoroute. Mais il y a beaucoup d’accidents très graves en centre-ville aussi, où des gamins sortent de l’école, où des mamans circulent avec une poussette... L’an dernier, j’ai plaidé à Grasse un dossier de course-poursuite entre jeunes dans le centre-ville de Nice. Le passager d’une voiture a croisé leur route. Il en est mort. Et des exemples comme ça, j’en ai plein...