Trente-six heures de cours mais un privilège : Valrose
Océane, Perrine, Claudia, Joachim. Ils ont dix-huit, dixneuf ans. Tous originaires de la région, étudiants à la faculté des sciences de Nice. Le campus de Valrose, son château, sa pelouse, ses amphis à demi-jauge et sa réputation d’un bon niveau. Tout pour plaire à des jeunes gens motivés qui n’ont pas peur de bûcher. Un seul petit regret pour Océane : « J’étais admise en prépa à Nantes et à Lyon. Mais trop loin sur la liste d’attente pour avoir une réponse précoce qui m’aurait permis de m’organiser. » Impossible de se retourner pour espérer trouver un logement, elle a dû renoncer. Mais la double licence maths-sciences de la vie qu’elle prépare est un choix tout aussi exigeant. « Trente-six heures de cours », calcule Joachim, même filière. Il n’existait qu’une alternative. Paris, deux cursus mais un nombre de places ridicule. Même à Nice, les possibilités étaient maigres. « Trente-cinq places sur Parcoursup, alors que dans les faits, nous ne sommes que quatorze. Quelque chose m’a échappé », dit Océane. Des désistements massifs, probablement, ce qui ouvre des perspectives intéressantes. « Nous serons très peu à suivre les travaux dirigés, ce sera confortable », estime Joachim à qui les conditions d’apprentissage paraissent favorables : « Le cadre, il est trop bien… »
Claudia, de Grasse, fait partie de ces étudiants valeureux qui travaillent par nécessité. Job d’été, puis caissière à la supérette du quartier chaque dimanche de l’année. « Ma chambre me coûte 580 euros. J’ai tout essayé pour en décrocher une en cité U, rien à faire. Même l’année dernière, où j’étais boursière, échelon 5/7. »
« Une erreur d’adolescence »
Aimy, 19 ans, vient de Saintraphaël. En train, mais seulement deux jours par semaine car son programme de L1 a été scindé en deux, selon ce que prévoit le dispositif « oui, si ». Une sorte d’aménagement probatoire, dont elle a bénéficié. Explication de texte : « Une erreur d’adolescence, je n’ai rien fait en première, 6 de moyenne. » Elle a corrigé le tir en terminale avec 13 et le bac, mention assez bien. Mais un dossier bancal. En résumé, elle aborde sa deuxième rentrée, mais toujours en première année, ce qui ne la peine pas, au contraire. «Je me sens même chanceuse. J’étais 1 600e sur 1 700 en liste d’attente, j’ai été prise le tout dernier jour!»
Romain et Nathan, faux jumeaux de dix-sept ans, sont en sciences de la vie, le premier avec l’ambition de devenir kiné, le second pour basculer vers la recherche. C’est une cousine qui leur a vanté Valrose et ils ne sont pas déçus. Malgré les trajets : « Une heure et demie pour venir de Levens ! » Lever 5 h 15, peu de temps pour se détendre en rentrant chez les parents à 19 heures « On mange, on travaille. Jusqu’à 22 h 30. »
« Des labos réputés »
Adam, lui, vient de Gattières. Ses jobs d’été lui ont permis de s’acheter une voiture. Pour éviter la galère : « Avant, c’était stop, bus, deux tramways, le reste à pied. » Mais le jeu en vaut la chandelle : « La fac de sciences de Nice est une des meilleures de France. Des labos réputés, un enseignement de qualité. »
Comme lui, Lou, 17 ans, qui vient de Toulon, pense aussi qu’une place à Valrose est un privilège. « J’aurais pu aller à Marseille, mais la filière n’était pas exactement la même. Et surtout, Nice, c’est la Côte d’azur, c’est beau, et le campus est top. »