L’ÉDITO Le poète a toujours raison

Ceux qui accusent Éric Zemmour de ramener tous les maux de la France à l’immigration se trompent. Le candidat putatif à la présidentielle a une autre cible : les femmes.

Pour savoir comment le polémiste considère la moitié de l’humanité, il faut se replonger dans Le Premier Sexe. Un livre présenté, en , comme « un traité de savoir-vivre viril à l’usage de jeunes générations féminisées ». Certains passages sont absolument délectables.

Notamment son éloge de la… pilosité. « Le poil est une trace, un marqueur, un symbole. De notre passé d’homme des cavernes, de notre bestialité, de notre virilité. Il nous rappelle que la virilité va de pair avec la violence, que l’homme est un prédateur sexuel, un conquérant. » Par cette théorie au poil, il met le doigt, pile-poil, sur ce qui distingue selon lui les hommes et les femmes : ces dernières ne sont qu’objets de désir, tandis que les mâles sont guidés par leurs pulsions naturelles – donc légitimes. Ainsi l’arrestation de DSK, accusé de tentative de viol aux États-unis, était-elle à ses yeux une « castration de tous les Français ». Ainsi regrette-t-il le bon vieux temps « d’avant le féminisme », quand «un jeune chauffeur de bus » pouvait

« glisser une main concupiscente sur un charmant fessier féminin » sans que « la jeune femme porte plainte ». D’ailleurs, complète-til en , «les femmes devraient remercier l’homme de les tromper avec une pétasse.

Ils en seront de meilleurs amants ». Que cet axiome puisse être renversé, et appliqué aux amantes, ne l’effleure pas. L’ex-star de Cnews regrette la légalisation de la pilule qui leur a permis de « s’emparer du feu sacré de la procréation ». Il mitraille ses certitudes : « Les femmes ont une forme d’intelligence différente de celle des hommes». Elles ont un « cerveau archaïque ».

La preuve : « Les grands génies sont des hommes. » L’exercice du pouvoir ? « Dans les milieux où il y a vraiment le pouvoir, il n’y a pas de femmes. Elles n’incarnent pas le pouvoir. » Angela Merkel, qui a vu passer quatre présidents français, sera ravie de l’apprendre. On devrait rire de ces énormités. On pourrait le faire, si l’homme qui les profère ne voulait pas installer ses archaïsmes à l’elysée. Et si une partie moutonante de la classe politique, tétanisée devant les scores que lui prêtent les sondages, ne prétendait pas

« partager certaines de ses valeurs ». Le poète, qui a toujours raison, nous interroge : si la femme est l'avenir de l'homme, de quoi Zemmour est-il l'avenir ?

« Par cette théorie au poil, Éric Zemmour met le doigt, pile-poil, sur ce qui distingue selon lui les hommes et les femmes. »