Danièle Thompson : « La séduction, c’est comme l’amour. Mystérieux, magnifique »
Montand sympathisant communiste. Louis de Funès que l’on a dit royaliste. Gérard Oury, un gaulliste. « Tout en admirant Mendès France », précise la réalisatrice. Pas de pensée unique sur le tournage de La Folie
des grandeurs, mais un respect mutuel, en dehors de toute conversation politique.
« Une atmosphère de travail, de concentration. Une ambiance de grande relaxation, aussi, quand tout le monde se retrouvait pour dîner. Ce n’est pas parce que Montand et Simone étaient, eux, profondément embarqués dans la mouvance communiste, dont ils sont d’ailleurs revenus, qu’il pouvait y avoir des conversations agressives. »
Et avec De Funès ? « Ça collait très bien. Pas l’ombre d’un incident durant ce tournage. »
Qui avait cependant été menacé par l’affaire des neuf militants de L’ETA condamnés à mort par Franco : Montand refusait
de se rendre en Espagne si ces hommes étaient exécutés. « Mon père s’est dit qu’il était dans la m..., mais il n’a jamais essayé de le convaincre. »
Cette comédie est un Ovni dans le parcours de l’artiste. « Ça l’a beaucoup amusé de le faire. C’était l’idée de Signoret, en plus. Il a adoré, voulant même vivre dans les costumes pendant les deux mois précédant le tournage, pour s’imprégner du personnage. »
« Romanesque »
Ce qu’il reste de Montand ? « Pour moi, une voix. J’écoute encore avec beaucoup de bonheur ce magnifique chanteur. Je l’ai vu souvent sur scène, c’était un showman formidable. »
« Un homme aussi d’une grande séduction », ajoute Danièle Thompson en évoquant l’affaire Marilyn, « sentimentalement intéressante
» parce que « ce sont des histoires qui arrivent à tout le monde, mais quand cela se produit chez ces gens-là, c’est partout, dans tous les journaux du monde, même si les blessures sont les mêmes ». « Romanesque », résume-t-elle.
Et enfin « ce bonheur d’avoir ce petit garçon avec cette jeune femme, ce qui, pour lui, a été merveilleux », ajoute la réalisatrice.
« Soixante-sept ans, ce n’est pas si vieux. On a, à cet âge, une promesse de vie qui permet d’imaginer que l’on peut élever un enfant, au moins en grande partie. »
« Il est parti trop tôt », conclut Danièle Thompson, sans jugement sur ce qu’aura été l’homme. « Quand il s’agit de séduction, c’est un jeu que les femmes de ma génération adoraient. » Un jeu disparu ? « Pas complètement, je l’espère. La séduction, c’est comme l’amour. Mystérieux. Magnifique. »