« Ne m’expulsez pas ! » : le SOS d’un jeune Russe à Nice
Mikhail, 25 ans, est séropositif. Arrivé en France il y a quatre ans, il est menacé d’expulsion vers son pays d’origine, où il a fui l’homophobie. Un vaste élan de soutien s’est créé pour lui.
ikhail est en danger de mort. » Ainsi débute le texte de la pétition lancée sur change.org, « contre l’expulsion de Mikhail, un séropositif russe ». En un mois, sa pétition a recueilli 18 000 signatures. Signe d’un élan de soutien pour ce jeune homme établi à Nice. Son sort est désormais entre les mains de la justice... et de la médecine.
Mikhail, 25 ans, est originaire de Sibérie. Il a quitté la Russie en 2017 pour intégrer une grande école d’ingénieurs à Lyon. Deux ans plus tard, il emménageait à Nice. Aujourd’hui, le voilà sans papier, menacé d’expulsion. Or, Mikhail est séropositif. Et les perspectives d’un retour en Russie inquiètent ce jeune homosexuel, sous traitement thérapeutique, dans un pays où l’homophobie est un mal répandu.
« J’ai eu des problèmes à cause de ça au lycée. Les gens qui crachent sur ton dos, qui t’insultent », raconte Mikhail, ce mardi, assis sur un muret de la promenade des Anglais. Voilà ce qui l’a poussé à partir. Et à choisir la France. « J’aime bien la langue, la culture », justifie Mikhail, dans un français impeccable.
Freiné par la maladie et le confinement
À l’issue de ses études, le jeune ingénieur crée son entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle. Il reçoit alors un titre de séjour entrepreneur... deux semaines avant le premier confinement. Mauvais timing. « J’ai créé mon site web, mais je n’ai pas pu lancer mon activité. »
Les premiers symptômes de la maladie se manifestent en août 2020. « Fièvre à 40°C, maux de tête, fatigue, vertiges, malaises, éruptions cutanées... » Le diagnostic est dense. Mais son médecin songe d’abord à la Covid19. Mikhail décide néanmoins de passer un test VIH. Verdict : positif. « J’ai reçu le SMS alors que j’étais en vacances à Paris, avec mon copain. Heureusement, il m’a bien soutenu... » Depuis, le jeune homme suit une trithérapie à l’hôpital L’archet. Sans effet secondaire. Il vit « une vie normale ». Du moins jusqu’à l’expiration de son titre de séjour, en février dernier. Mikhail en sollicite alors un nouveau, en tant qu’étranger malade. Le 28 mai, le couperet préfectoral tombe : « Le collège de médecins de l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) des Alpes-maritimes a pris une décision défavorable ».
Me Magali Traversini, l’avocate de Mikhail, livre une explication : « Ils estiment que le traitement est disponible dans son pays d’origine.
En effet, les traitements antiviraux existent en Russie. Mais ils ne sont accessibles qu’à la moitié des malades... Et en tant qu’homosexuel, c’est encore plus compliqué. Si on le renvoie là-bas, il n’est pas du tout sûr d’accéder à son traitement. Et s’il n’y accède pas, il est en danger de mort ! » Cette avocate niçoise, rompue au droit des étrangers, a décidé de saisir le tribunal administratif de Nice.
Son avocat :
« Il n’imagine pas repartir là-bas »
« Il va décider si Mikhail repart en Russie ou non. Cette procédure suspend L’OQTF [obligation de quitter le territoire français]. En attendant, il est en situation irrégulière... C’est pourtant un jeune homme très bien intégré et entouré, qui n’imagine pas une seconde repartir là-bas. » Nicolas Aragona, président de la jeune association niçoise Supersero, a mobilisé de multiples soutiens autour de Mikhail.
Parmi eux, la directrice de Sidaction Florence Thune, ou l’élu-militant Jean-luc Romero, figure de la lutte contre le sida. Un réconfort de poids pour Mikhail, qui lance un appel en forme de SOS : « Ne m’expulsez pas ! Permettez-moi de rester ici et d’y travailler ! »