Danse avec 8 m3 dans les établissements scolaires
En prélude au Festival de danse (27 novembre-12 décembre), un spectacle itinérant dans 4 m2 est présenté à 1 500 élèves jusqu’au 22 octobre. Métaphore sur le confinement.
Dans le gymnase du collège Capron, quatre coins délimités par de petits socles métalliques. Un rideau de fond. Scène ô combien épurée sur seulement… 4 m2. Ou 8 m3 en tenant compte du volume. Quoi qu’il en soit, un espace particulièrement restreint, lorsqu’il s’agit d’y développer une chorégraphie. Un défi. Mais aussi une métaphore. Du confinement. De la liberté qui s’affranchit, malgré les contraintes sanitaires. De la vie artistique qui survit.
« J’ai eu l’idée de ce spectacle en mai 2020, à la sortie du confinement. 4 m2, c’était la distance imposée entre chaque personne afin d’être autorisé à revenir travailler au bureau, explique le danseur chorégraphe Michel Kelemenis, directeur de la maison pour la danse Klap à Marseille.
Dans ce contexte, j’ai pensé cet espace comme une piscine dont on touche le fond avant de rebondir, ou bien une chambre d’enfant aux rêves imaginaires. Finalement, on peut faire beaucoup de choses dans 4m2!»
Sorcière bien aimée, le temps d’une danse
Dans un ensemble mauve, voilà Aurore Indaburu qui surgit. Sur l’extrême pointe des pieds, la jeune femme aux doigts griffus incarne L’ingénue sorcière de Michel Keleminis. Arabesques corporelles quasi-fanstastique, sur la musique frénétique de Paul Dukas (L’apprenti sorcier). Et les élèves de 6e et 5e d’ouvrir des yeux ronds comme des billes, bouches bées, face à cette sorcière bien aimée. « Pour cette partition, j’ai invité Aurore chez moi durant cinq jours, afin de travailler dans mon salon, explique avec beaucoup de pédagogie Michel Kelemenis. Cette musique m’est venue à l’esprit en plein Covid. Cette sorcière représente l’humanité qui a envahi la planète et exploité ses richesses, jusqu’à ne plus en comprendre les conséquences. »
Dix chorégraphes pour dix minutes chacun
Auparavant, Alexandre Lesouëf avait déjà capté l’attention de l’auditoire avec son passage Seul et après (voir encadré ci-dessous). Car pour 8 m3, Michel Kelemenis a fait appel à neuf autres chorégraphes-danseurs, afin qu’ils imaginent leur propre spectacle solo. Avec une contrainte supplémentaire : ne pas dépasser dix minutes.
« Chacun l’a conçu selon sa personnalité, de façon très singulière. Quand on a présenté le spectacle complet le 16 juin, seul 15 enfants étaient dans la salle, en raison des restrictions sanitaires. »
D’ici le 22 octobre en prélude au Festival de danse au Palais, plus de 1 500 élèves y assisteront dans les collèges et lycées cannois. De quoi s’ouvrir de nouveaux horizons artistiques. Au-delà de 8 m3.