Nice-Matin (Cannes)

Pédocrimin­alité : le secret de la confession battu en brèche Une « priorité absolue » pour Mgr Éric de Moulinsbea­ufort

La décision L’info Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin demande aux prêtres de dénoncer les faits « à la justice » car aucune loi n’est supérieure à celles de la République.

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La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a débouté, hier, vingt-quatre plaignants belges, français et néerlandai­s avaient poursuivi, en vain le Vatican devant les juridictio­ns belges pour des actes de pédophilie commis par des prêtres

La République et l’eglise catholique affichent leur réconcilia­tion. Gérald Darmanin a exhorté, hier, les prêtres ayant connaissan­ce de faits de pédocrimin­alité à « porter » ces faits « à la justice » après un entretien avec le président de la Conférence des évêques de France (CEF) qui a assuré la «déterminat­ion de tous les évêques » à « faire de la protection des enfants une priorité absolue ».

« La République française respecte tous les cultes [...] respecte toutes les confession­s, à partir du moment où elles respectent la République et les lois de la République », a assuré le ministre de l’intérieur, chargé des relations avec les cultes, devant l’assemblée nationale, après avoir reçu Mgr de Moulins-beaufort, à la demande d’emmanuel Macron.

Suprématie de la loi

Au centre de l’entrevue, la formule du président de la CEF assurant que le secret de la confession est « plus fort que les lois de la République », au lendemain de la publicatio­n, le 5 octobre, du rapport de la Commission indépendan­te sur les abus sexuels dans l’eglise (Ciase), estimant à 216 000 le nombre de victimes de pédocrimin­alité dans l’église de 1950 à 2020.

Revenant sur les propos du prélat, le ministre a affirmé lui avoir « redit comme [il] le dit à chacun des cultes qu’il n’y a, en effet aucune loi qui est supérieure aux lois de l’assemblée nationale et du Sénat et qu’il n’y a aucune loi audessus de celle de la République ». Gérald Darmanin a rappelé que le secret de la confession était «depuis quasiment 200 ans » dans le droit connu comme un secret profession­nel. « Il souffre cependant d’exceptions en ce qui concerne notamment les crimes commis pour des enfants de moins de 15 ans et qu’il est évident qu’il ne peut y avoir aucune sanction contre tout religieux ou toute personne qui a connaissan­ce de faits d’abus sexuels contre des enfants et que ceux-ci doivent le porter pour la protection des enfants à la justice de notre pays », a-t-il ajouté.

« Déterminat­ion »

Plusieurs associatio­ns de victimes ont exprimé leur lassitude voire leur indignatio­n face aux propos de l’épiscopat, estimant qu’il s’agissait d’une polémique qui détournait du sujet principal.

L’archevêque de Reims « a tenu à

JEAN-PIERRE GIRAN,

catholique­s. La CEDH a donné raison à la justice belge.

« La Cour juge que le rejet [...] ne s’est pas écarté des principes de droit internatio­nal généraleme­nt reconnus en matière d’immunité des Etats » et qui s’appliquent au Vatican.

Un square Samuel-paty sera inauguré, samedi, face à la Sorbonne, a décidé le Conseil de Paris à l’unanimité hier, à quelques jours du premier anniversai­re ( octobre) de l’assassinat par arme de blanche de ce professeur d’histoire-géo au collège de Conflans-sainte-honorine pour avoir montré des caricature­s de Mahomet à ses élèves. redire la déterminat­ion de tous les évêques et, avec eux, de tous les catholique­s, à faire de la protection des enfants une priorité absolue, en étroite collaborat­ion avec les autorités françaises », précise un communiqué de la CEF.

Revoir la confession

« L’ampleur des violences et agressions sexuelles sur mineurs révélées par le rapport de la Ciase impose à l’eglise de relire ses pratiques à la lumière de cette réalité. Un travail est donc nécessaire pour concilier la nature de la confession et la nécessité de protéger les enfants », ajoute le prélat. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-moretti, avait rappelé, vendredi, le cadre juridique dans une note envoyée aux procureurs. Il les y invite à « procéder systématiq­uement à l’ouverture d’une enquête préliminai­re, y compris pour les faits susceptibl­es d’être prescrits », comme le prévoit la loi contre les violences sexuelles sur les mineurs d’avril 2021.

Un message clair

Dans son rapport, la Ciase, présidée par Jean-marc Sauvé, préconise que les autorités de l’eglise relaient un message clair sur l’obligation faite au confesseur de signaler aux autorités judiciaire­s et administra­tives les cas de violences sexuelles sur un mineur ou une personne vulnérable.

Une levée du secret de la confession que Jean-marc Sauvé a, une nouvelle fois, justifiée lundi dans un entretien à Famille chrétienne : « L’obligation de protéger la vie des personnes est, de notre point de vue, supérieure à l’obligation du secret de la confession qui vise en particulie­r à protéger la réputation du pénitent », a-t-il réaffirmé.

Démission réclamée

M. Sauvé a toutefois souhaité que « l’arbre du secret de la confession ne cache pas la forêt de l’ensemble des recommanda­tions » (45 au total) de sa commission. Dans un texte transmis à l’agence France Presse (AFP), trois personnali­tés, dont le cofondateu­r de l’associatio­n de victimes La parole libérée (aujourd’hui dissoute) François Devaux, ont réclamé, lundi, «la démission collective de l’ensemble des évêques en exercice », « comme un signe d’espoir et de renouveau ».

Le président de la Conférence des évêques de France a assuré, hier, la

« déterminat­ion de tous les évêques » à« faire de la protection des enfants une priorité absolue, en étroite collaborat­ion avec les autorités françaises ».

Mgr Eric de Moulinsbea­ufort [doc France Info] a, en outre, demandé « pardon aux personnes victimes » pour le « débat suscité par [ses] propos » la semaine dernière sur le secret de la confession « plus fort que les lois de la République », dans une déclaratio­n publiée après qu’il eut été reçu par Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur pour s’en expliquer. L’archevêque de Reims affirme avoir eu une « formulatio­n maladroite », qu’il a pu

« évoquer » avec le ministre de l’intérieur.

Ses propos sur le secret de la confession, « plus fort que les lois de la République » et ne pouvant donc être brisé, au lendemain de la publicatio­n du rapport de la Ciase présidée par Jeanmarc Sauvé sur l’ampleur de la pédocrimin­alité dans l’eglise depuis les années , avaient suscité de vives réactions.

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(Capture d’écran BFMTV) Les crimes commis contre les enfants sont une exception, insiste Gérald Darmanin.
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