Nice-Matin (Cannes)

« L’humain est le plus important »

Le Seynois Sébastien Squillaci prépare sa reconversi­on comme entraîneur. Après avoir encadré des jeunes, en Corse et à Monaco, il s’apprête à voyager pour parfaire sa formation.

- PROPOS RECUEILLIS PAR GUILLAUME RATHELOT 1. Titulaire du DES (diplôme d’entraîneur supérieur), il lui reste à passer le BEPF (Brevet d’entraîneur profession­nel de football) pour diriger un club pro, ou bien celui qui lui permet d’exercer en centre de for

Quatre ans après la fin de sa carrière, Sébastien Squillaci n’a pas tiré un trait sur le football. À 41 ans, l’ancien défenseur de Monaco, Lyon, Séville, Arsenal et Bastia, continue de se former au métier d’entraîneur (1). Désormais installé à Nice avec sa famille, « Toto » est revenu l’espace d’un week-end, chez lui à La Seyne, pour un match caritatif. L’occasion de parler ballon, avec son inimitable voix grave teintée de soleil.

Que devenez-vous depuis quatre ans ?

J’ai passé mes diplômes d’éducateur et j’ai eu une équipe de jeunes à Bastia-borgo pendant un an. Puis je suis rentré au centre de formation de L’AS Monaco. Deux ans en tant qu’adjoint des U nationaux et un an sur la N. J’ai arrêté là-bas fin juin, car c’était compliqué avec le directeur du centre (de formation), au niveau des valeurs.

Avez-vous toujours eu envie de devenir coach ?

Non, non. Pendant ma carrière, jamais je me suis dit que j’allais faire ce métier-là. Et en fait, je me suis rendu compte que ça me plaisait quand j’ai commencé à Bastiaborg­o. J’étais avec un autre coach sur les U, je restais après les entraîneme­nts, je préparais les séances... J’étais heureux sur le terrain. Derrière, j’ai enchaîné.

Vous n’avez donc jamais eu de spleen de fin de carrière ?

J’étais quelqu’un d’assez inquiet par rapport à ça. J’avais demandé à plein de joueurs en phase de reconversi­on, qui m’avaient dit : “Surtout n’arrête pas du jour au lendemain.” Donc j’ai enchaîné, en passant mes diplômes, je continue à faire du sport. C’est bien de travailler pour avoir des objectifs et se lever tous les jours... Une vie normale, quoi. Mais c’est vrai que quand ça s’arrête, c’est une petite mort parce qu’il y a des émotions qu’on ne retrouvera jamais.

Vous êtes à la recherche d’un club ?

Là, je vais prendre un an tranquille et profiter de ma famille et de mes enfants. Je vais aussi continuer à me former dans le management et surtout voyager pour aller voir des matches, échanger avec des coaches... François Modesto (son excompère de la défense à Monaco ou Bastia), qui est à l’olympiakos (directeur sportif), m’a par exemple dit de venir. Je ne me mets pas de pression particuliè­re, on verra de quoi l’avenir sera fait.

Vous voyez-vous davantage dans la formation ou sur le banc d’un club pro?

Mon but, ce sont les seniors, les pros, mais c’est une bonne chose de commencer par les jeunes, même avec un club amateur. J’en ai besoin pour entraîner plus haut après.

Vous parliez de valeurs. Quel genre de projet ou de philosophi­e vous attire ?

Pour moi, l’humain est le plus important, surtout avec les gamins. À un moment donné, on travaille pour essayer de leur faire atteindre le niveau profession­nel, mais malheureus­ement, il y a très peu d’élus. Certains joueront en Ligue , d’autres en National ou plus bas et d’autres arrêteront. Donc on forme aussi de jeunes adultes et c’est important de leur donner les valeurs qui font qu’on est une bonne personne avant d’être un bon footballeu­r. Le respect... J’ai besoin de ça, de discuter, d’échanger avec mes joueurs. Il y a des gens qui ont peur pour leurs postes, je peux le comprendre, et même si l’aspect financier rentre en jeu, pour moi, la priorité, ce sont les gamins. Pas sa propre personne. Mais bon, ça fait partie du foot.

Quels ont été vos modèles de coaches ?

J’en ai eu pas mal. Que ce soit les têtes d’affiche – Deschamps, Wenger, Houllier – ou les autres, j’ai appris de tous mes coaches. J’ai eu Rolland (Courbis), un meneur d’hommes qui a du charisme. (Gérard) Houllier, j’aimais beaucoup ses causeries, il trouvait les mots justes. Sans parler fort, il savait nous motiver. Didier (Deschamps) ,sa gagne, l’aspect mental... J’essaie de prendre de chacun et d’y ajouter ma propre personnali­té.

Et à l’inverse, des entraîneur­s avec qui ça s’est mal passé ?

À Séville, il y en a eu un dont j’ai oublié le nom... Il a été l’adjoint de Juande Ramos, je ne l’ai pas eu longtemps, mais c’est le seul coach avec qui j’ai senti d’entrée que je ne lui plaisais pas. Humainemen­t, ça ne l’a pas fait. Mais ce ne sont que six mois dans une carrière de dix-sept ans. À part ça, j’ai toujours eu de bons rapports avec mes coaches.

Le foot, vous regardez toujours...

Bien sûr ! Pas tous les matches, hein ! La Champions League, et j’ai un oeil sur les clubs où j’ai joué pour le côté affectif.

Aujourd’hui, quelles équipes vous impression­nent ?

On a Paris, qui a fait un recrutemen­t XXL, et je suis curieux de voir le management de Pochettino, parce que ça ne va pas être facile avec toutes ces stars. Ça m’intrigue un peu. En Angleterre, aussi, Tuchel fait un super boulot avec Chelsea, Guardiola avec City. Même Didier Deschamps, qui est toujours là en équipe de France malgré tout ce qu’on a pu dire sur lui.

À propos de DD, vous partagez un point commun : vous avez déjà un stade à votre nom...

Oui, à Mar-vivo (un

Quand ils m’ont proposé ça, au départ, je n’étais pas trop chaud parce que c’est trop d’honneur pour moi. J’en suis fier, mais je me dis que je n’ai rien fait pour mériter un stade à mon nom. En tout cas, je suis à des années-lumière de Didier (rires) !

‘‘

Une fin de carrière, c’est comme une petite mort...”

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