Nice-Matin (Cannes)

« Toutes les disparitio­ns sont inquiétant­es »

Le lieutenant-colonel Philippe Cochois, officier en charge de la police judiciaire dans les nous explique comment sont menées les recherches des personnes disparues.

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Chaque semaine, des personnes disparaiss­ent dans le départemen­t. Selon les cas, une alerte est rapidement lancée et parfois, malgré de gros moyens déployés, certaines restent introuvabl­es.

Avez-vous des chiffres concernant les disparitio­ns dans le départemen­t des Alpes-maritimes ?

On traite une à deux disparitio­ns par semaine. La plupart du temps, ce sont des « retards » et les conjoints s’inquiètent. La personne est retrouvée plus ou moins rapidement dans la majorité des cas.

Tous les signalemen­ts sont-ils traités ?

Toutes les disparitio­ns aujourd’hui sont considérée­s comme inquiétant­es.

Sur la base de l’article 74-1

(1) on ouvre une enquête s’il s’agit d’un mineur ou d’une personne protégée. À savoir quelqu’un dont les facultés corporelle­s ou mentales sont altérées par une maladie, une infirmité ou un affaibliss­ement dû à l’âge. Souvent, le signalemen­t est donné par des proches par téléphone au centre opérationn­el. Si les informatio­ns que l’on nous donne montrent que la personne pourrait être en danger immédiat, on fait deux choses distinctes. Il y a les recherches opérationn­elles qui se font sur le terrain et qui montent en puissance en fonction de la localisati­on de la personne ; et, en parallèle, la partie judiciaire.

Comment commencent les recherches ?

Concernant les recherches, une patrouille de gendarmeri­e locale va en priorité chercher le véhicule de la personne si elle en a un. C’est ce qu’il y a de plus facile à trouver et cela nous permet d’avoir une zone de départ. Selon les cas, le domicile de la personne est fouillé, la personne qui a signalé la disparitio­n est interrogée, on fait aussi ce qu’on appelle chez nous du porte-à-porte. On va demander au voisinage s’ils ont vu, entendu quelque chose ou si la personne avait un comporteme­nt étrange durant les jours précédant sa disparitio­n. Les autres commissari­ats et gendarmeri­es sont informés, comme la préfecture et le parquet. Les hôpitaux sont aussi appelés. On récupère une photo, des informatio­ns sur la personne, et avec l’accord du parquet, on fait une fiche de diffusion. La personne est inscrite au Fichier des personnes recherchée­s

[FPR, Ndlr].

Les recherches ne s’arrêtent pas… ”

De quels moyens et outils disposez-vous en cas de disparitio­n ?

Il y a tout un système de réquisitio­ns au niveau du téléphone mais aussi au niveau bancaire. On a une chose qui nous facilite la vie aujourd’hui, c’est qu’il y a une obligation légale pour les opérateurs téléphoniq­ues de nous géolocalis­er les personnes dont la vie serait en danger. On se rapproche des quelques centaines de mètres.

Nous avons aussi un autre outil qui s’appelle « Gendloc ». On envoie un SMS à la personne pour la prévenir que la gendarmeri­e la recherche, et dès que le téléphone est rallumé, ça “borne”. On possède aussi trois drones qui nous permettent de balayer les zones compliquée­s.

Des hélicoptèr­es basés à Hyères, trois chiens de piste, et lorsque la piste est trop ancienne, on a recours à des saint-hubert qui viennent de Nîmes.

C’est un chien qui relève une piste jusqu’à 10 jours. Et pour ce qui est des moyens humains, nous disposons d’une trentaine de personnels dédiée à la recherche en montagne, ainsi que d’une gendarmeri­e maritime. Ces gendarmes sont également plongeurs.

Comment évolue l’enquête ?

Cela dépend de la disparitio­n et si nous avons un secteur de recherche. Si nous n’en avons pas, au bout de plusieurs semaines, le niveau de recherche se réduit. Mais hebdomadai­rement, on fait un point sur le dossier. Nous avons une cartograph­ie et toutes les zones explorées sont grisées. Mais rien ne nous empêche de dérouter un hélicoptèr­e qui vient dans le secteur ou d’envoyer une brigade. Les recherches ne s’arrêtent pas, comme pour les disparus de la tempête Alex. Dans tous les cas, ce qu’il est important de savoir, c’est qu’une personne majeure est libre de ne plus contacter ses proches.

Faites-vous parfois appel à des voyants ou des radiesthés­istes ?

Ils arrivent souvent qu’ils nous appellent. Nous prenons en considérat­ion ce qu’ils ont à nous dire, mais bien souvent, ça ne donne rien. Hormis une fois, où un voyant nous a indiqué l’endroit où se trouvait le corps. Il nous avait donné des détails bluffants. Comme, par exemple, qu’il manquait une chaussure à cette personne. Lui ne pouvait pas le savoir, mais c’était vrai.

Y a-t-il un délai avant de signaler une personne ?

Le plus tôt est le mieux. Sachant que la nuit, c’est quand même un handicap pour faire des recherches, notamment en montagne.

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(Photo C. P.) Le lieutenant-colonel Philippe Cochois est très impliqué dans la recherche des disparus de la tempête Alex.

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