Nice-Matin (Cannes)

Quatre affaires de passeurs devant la justice à Nice

Il y en a de plus en plus : mi-novembre, les forces de l’ordre avaient déjà intercepté 482 passeurs cette année dans le départemen­t, un record.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ce n’est plus une surprise, mais c’est toujours étonnant. Quatre affaires de passeurs ont été examinées lors d’une seule et même audience correction­nelle, vendredi après-midi à Nice. En tout, une dizaine d’affaires de ce type ont rythmé la semaine judiciaire. Cette cadence soutenue traduit une tendance de fond.

« 2021, année record dans les Alpesmarit­imes. » Le constat de notre dossier sur la crise migratoire, le 26 novembre dernier, se confirme jour après jour. Mi-novembre, les forces de l’ordre avaient déjà intercepté 482 passeurs. Un record absolu. Vendredi, quatre affaires et six prévenus se sont succédé devant le tribunal correction­nel, pour « aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’un étranger en France ».

« C’est la première fois et la dernière »

La première affaire jugée est un cas d’école. Tant pour le profil du passeur que pour son scénario.

Rabia El Attrache, Marocain de 40 ans, est plombier en Italie. Il peine à trouver du travail. Il affirme qu’un Pakistanai­s lui a proposé 100 euros pour se muer en passeur. « C’est la première fois que je fais ça. J’ai fait cette erreur, je m’en excuse. C’est la dernière fois », assure-t-il. «Il s’est laissé embarquer dans un mécanisme », plaide Me Sophie Andrieu.

Rabia El Attrache a été interpellé avec quatre Afghans à son bord. La police aux frontières avait repéré sa BMW roulant à vive allure depuis l’italie. Il a débarqué ses passagers sur la bande d’arrêt d’urgence de l’a8, à hauteur de la Turbie. Son conducteur était censé les déposer sur une aire d’autoroute. Mais il aurait paniqué en se voyant suivi. Outre « l’aide à l’entrée », la justice lui reproche des « conditions exposant à un risque immédiat de mort ou d’infirmité permanente ». Le procureur Marie-eve Parant requiert 18 mois de prison dont 12 ferme. Le tribunal présidé par Audrey Albertini s’en tient à 6 mois ferme, et le maintient en détention.

Les forces de l’ordre maillent le terrain

Les affaires s’enchaînent et ne se ressemblen­t pas forcément. Deux Tunisiens contestent, eux, avoir profité de la détresse humaine. En attendant d’en avoir le coeur net, le tribunal les place en détention provisoire. À leur demande, leur procès est renvoyé au 3 janvier.

D’ici là, il y a fort à parier que d’autres affaires conduiront la crise migratoire jusque dans les prétoires. Pour Jean-philippe Navarre, adjoint au procureur de la République de Nice, cette vague d’interpella­tions tient « à une forte mobilisati­on de toutes les forces de l’ordre », autant qu’à une pression migratoire accrue.

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(Photo Cyril Dodergny) La surveillan­ce accrue à la frontière franco-italienne se traduit au tribunal.

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