Nice-Matin (Cannes)

Éric Ciotti : « J’ai perdu, certes, mais mes idées ont gagné »

- PROPOS RECUEILLIS PAR L. P.

Cinq minutes après la fin des discours officiels, Éric Ciotti s'est éclipsé. Visage fermé. Même si elle est honorable, une défaite reste une défaite. Mais le député des Alpes-maritimes se projette déjà dans l'avenir. Il sera aujourd’hui à 11 h 30 à sa permanence, sur le port de Nice, pour remercier militants et élus azuréens. Puis, demain matin, aux côtés de Valérie Pécresse qui lance la campagne dans son fief de Saint-martin-vésubie. Tout un symbole.

Êtes-vous déçu par votre résultat ?

Quand on se lance, c'est toujours pour gagner. Mais si je regarde d'où nous sommes partis, c'est une immense victoire ! Ce soir, j'occupe une place pivot au sein de notre famille politique. J'ai perdu, certes, mais mes idées ont gagné. Ma vision d'une droite forte, assumée, étanche à la compromiss­ion macroniste, s'est imposée.

Les autres candidats ont appelé à voter contre vous.

Vous vous y attendiez ?

J'ai été seul contre tous, oui. Mais cela ne m'a pas surpris. Barnier, Bertrand et Juvin sont les tenants d'une ligne plus centriste que la mienne - une ligne perdante. Valérie et moi, qui tenions notre droite, nous avons été plébiscité­s.

Le premier déplacemen­t de campagne de Valérie Pécresse se fera ce lundi dans les Alpesmarit­imes. À votre initiative ?

Nous étions convenus que le vainqueur lancerait la campagne sur le territoire du perdant. Nous irons à Nice, puis à Saint-martin-vésubie où nous nous inclineron­s devant la stèle qui célèbre la mémoire des Justes parmi les nations. Nous rendrons également hommage aux victimes de la tempête Alex.

Ce dimanche matin, dans votre permanence du port à Nice, qu'allez-vous dire aux élus et aux militants ?

Je veux leur exprimer ma reconnaiss­ance. Ma terre a été solidaire : il ne m'a pas manqué une voix de la majorité départemen­tale.

En cas de victoire, vous visez toujours le ministère de l'intérieur ou vous avez d'autres ambitions ?

[Il sourit] J'ai pour habitude de ne jamais franchir les obstacles par avance. On est loin d'avoir gagné l'élection présidenti­elle ! Mon rôle sera l'affaire de la présidente de la République. Ma conviction, cependant, est que la France ne s'est jamais aussi mal portée. Si mes idées ne sont pas prises en compte fortement, on n'arrivera pas à redresser le pays.

Aimons-nous, fols gens ! Fini le temps d’avant. Celui des Chirac et Balladur. Des Copé et des Fillon. Celui des coups bas et des noms d’oiseaux. Place à « une équipe de France qui va gagner », comme l’a martelé une Valérie Pécresse presque intimidée de son propre succès. On n’en est pas encore là. Mais pour l’instant, faisant fi des contrainte­s sanitaires, les « finalistes » du congrès LR se sont claqué la bise et promis loyauté et fidélité. Comme s’il n’y avait qu’une gagnante et pas de perdant. Il faut dire que devant cette unité retrouvée, on pouvait croire hier au grand retour de la droite de gouverneme­nt. L’une a remporté le scrutin qui la désigne – pas rien ! – comme première femme candidate à la présidenti­elle de la droite républicai­ne ; l’autre une victoire idéologiqu­e. Car jamais dans ses rêves les plus fous,

Eric Ciotti n’aurait imaginé réunir dans un improbable second tour près de 40 % des suffrages des militants de son parti. Fort de cette légitimité et d’une digne campagne, à droite toute et « d’une clarté absolue contre la macronie », le député des Alpes-maritimes va pouvoir peser dans la bataille. Forçant Dame Pécresse à « muscler » son jeu sécuritair­e et identitair­e. Attention toutefois pour la présidente de l’île-de-france à ne pas trop glisser à l’ultra droite, au risque de perdre en route le bataillon des électeurs républicai­ns modérés. Bien au chaud pour l’instant dans son costume de président, le loup Macron n’aurait plus qu’à se baisser pour ramasser les petites pierres de centre droit et dévorer tout cru le petit chaperon rouge Pécresse !

« Les finalistes du congrès LR se sont claqué la bise et promis loyauté et fidélité. »

 ?? (Photo PQR/ Julien Mattia) ?? « Si je regarde d’où nous sommes partis, c’est une immense victoire », assure le député azuréen.
(Photo PQR/ Julien Mattia) « Si je regarde d’où nous sommes partis, c’est une immense victoire », assure le député azuréen.

Newspapers in French

Newspapers from France