« Quel recul a-t-on sur la maladie elle-même ? »
Dr Jérôme Barrière, oncologue à Cagnes-sur-mer
‘‘ Il faut faire de la pédagogie ”
Le Dr Jérôme Barrière, oncologue à la polyclinique Saint-jean de Cagnes-sur-mer, fait partie du collectif de médecins, parents et chercheurs auteurs d’une tribune publiée par l’express, dans laquelle ils s’inquiètent d’une minimisation des effets de la Covid sur les enfants de 5 à 11 ans et se positionnent en faveur de la vaccination.
Les formes graves chez les enfants sont très rares. L’argument altruiste - les vacciner pour protéger les plus fragiles a du mal à être entendu, d’autant qu’on a très peu de recul concernant la vaccination des enfants.
Vous parlez de manque de recul sur le vaccin, mais quel recul a-t-on sur la maladie elle-même ? Je voudrais revenir sur la notion de vaccination altruiste. Même s’il est vrai que la maladie est très rarement grave chez les enfants, il reste que plus de 90 enfants, âgés de 5 à 11 ans - dont une majorité n’ont pas de comorbidités - sont aujourd’hui hospitalisés pour ce motif. Et ce chiffre augmente. Par ailleurs, une étude anglaise conclut à un taux de 3 à 5 % de Covid long parmi cette population, avec de la fatigue persistante, des troubles de la concentration et de l’apprentissage. Plus proches de nous, à l’hôpital la Timone à Marseille, des médecins ont mis en évidence un hypométabolisme cérébral chez des enfants, similaire à celui observé chez des adultes. Autre élément important à prendre en compte : les 5-11 ans sont la classe d’âge aujourd’hui la plus touchée. Et les fermetures de classes, au motif de plusieurs écoliers positifs, se multiplient, avec l’impact que l’on connaît. Enfin, et là, effectivement, cela relève de l’altruisme : oui, les enfants sont aujourd’hui un des moteurs de l’épidémie et une source de contamination intrafamiliale, d’autant plus préoccupante que dans le foyer, il y a des parents, des grands-parents chez lesquels le vaccin est inefficace (personnes immunodéprimées…).
L’argument de la vaccination qui prévient la transmission est largement battu en brèche...
C’est partiellement vrai ; si l’immunité de masse reste une chimère, une personne vaccinée, enfant inclus, est moins à risque de transmettre, dans la mesure où il y a moins de symptômes, et sur une durée plus courte, donc moins de virus excrétés.
Le volontariat est privilégié. Seriez-vous favorable à aller plus loin ?
Non, ce n’est pas envisageable dans le contexte actuel, sachant combien, en France, on est réticent vis-à-vis de la vaccination des enfants. Ce n’est pas le cas dans de nombreux autres pays où les sociétés de pédiatrie se sont clairement positionnées en faveur de ce vaccin.
Il faut expliquer, faire de la pédagogie.