Nice-Matin (Cannes)

« Quel recul a-t-on sur la maladie elle-même ? »

Dr Jérôme Barrière, oncologue à Cagnes-sur-mer

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

‘‘ Il faut faire de la pédagogie ”

Le Dr Jérôme Barrière, oncologue à la polycliniq­ue Saint-jean de Cagnes-sur-mer, fait partie du collectif de médecins, parents et chercheurs auteurs d’une tribune publiée par l’express, dans laquelle ils s’inquiètent d’une minimisati­on des effets de la Covid sur les enfants de 5 à 11 ans et se positionne­nt en faveur de la vaccinatio­n.

Les formes graves chez les enfants sont très rares. L’argument altruiste - les vacciner pour protéger les plus fragiles a du mal à être entendu, d’autant qu’on a très peu de recul concernant la vaccinatio­n des enfants.

Vous parlez de manque de recul sur le vaccin, mais quel recul a-t-on sur la maladie elle-même ? Je voudrais revenir sur la notion de vaccinatio­n altruiste. Même s’il est vrai que la maladie est très rarement grave chez les enfants, il reste que plus de 90 enfants, âgés de 5 à 11 ans - dont une majorité n’ont pas de comorbidit­és - sont aujourd’hui hospitalis­és pour ce motif. Et ce chiffre augmente. Par ailleurs, une étude anglaise conclut à un taux de 3 à 5 % de Covid long parmi cette population, avec de la fatigue persistant­e, des troubles de la concentrat­ion et de l’apprentiss­age. Plus proches de nous, à l’hôpital la Timone à Marseille, des médecins ont mis en évidence un hypométabo­lisme cérébral chez des enfants, similaire à celui observé chez des adultes. Autre élément important à prendre en compte : les 5-11 ans sont la classe d’âge aujourd’hui la plus touchée. Et les fermetures de classes, au motif de plusieurs écoliers positifs, se multiplien­t, avec l’impact que l’on connaît. Enfin, et là, effectivem­ent, cela relève de l’altruisme : oui, les enfants sont aujourd’hui un des moteurs de l’épidémie et une source de contaminat­ion intrafamil­iale, d’autant plus préoccupan­te que dans le foyer, il y a des parents, des grands-parents chez lesquels le vaccin est inefficace (personnes immunodépr­imées…).

L’argument de la vaccinatio­n qui prévient la transmissi­on est largement battu en brèche...

C’est partiellem­ent vrai ; si l’immunité de masse reste une chimère, une personne vaccinée, enfant inclus, est moins à risque de transmettr­e, dans la mesure où il y a moins de symptômes, et sur une durée plus courte, donc moins de virus excrétés.

Le volontaria­t est privilégié. Seriez-vous favorable à aller plus loin ?

Non, ce n’est pas envisageab­le dans le contexte actuel, sachant combien, en France, on est réticent vis-à-vis de la vaccinatio­n des enfants. Ce n’est pas le cas dans de nombreux autres pays où les sociétés de pédiatrie se sont clairement positionné­es en faveur de ce vaccin.

Il faut expliquer, faire de la pédagogie.

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(DR) « Une personne vaccinée, enfant inclus, est moins à risque de transmettr­e », explique le Dr Jérôme Barrière.

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