Les parents partagés entre altruisme et scepticisme
Ceux qui ont des enfants entre 5 et 11 ans se répartissent en deux écoles : ceux qui affichent une défiance assumée et ceux qui prônent la protection des plus vulnérables.
Q «ue l’on vaccine les adultes, OK, mais les enfants, je suis contre, tranche Anna, maman d’un garçon de bientôt 6 ans, et elle-même vaccinée. Malheureusement, je crains qu’on finisse par imposer un pass sanitaire aussi aux petits, ils ne pourront plus aller partout même si les parents ont le QR code. » Cette opinion est assez répandue. Et comme ce témoignage le prouve, elle n’émane pas nécessairement de farouches antivax.
« Leur système immunitaire suffit »
C’est ce qui apparaît lorsque l’on interroge des Azuréens qui ont des minots âgés de 5 à 11 ans. Eux voient la vaccination comme une démarche individualiste : si l’on vaccine les enfants c’est pour les protéger eux, or, ils sont très peu sujets à des formes graves de la Covid. Jean-marc, 52 ans, trois fois papa, partage cette idée : « Le système immunitaire des enfants semble se défendre très bien tout seul. Donc, selon moi, aucun intérêt de les vacciner. De plus, les sérums ont été développés à partir d’une souche de 2019… Or, on a essuyé un certain nombre de vagues depuis. Étant donné l’immense doute quant à l’efficacité de la chose, quel sens ça a de proposer ça aux 5-11 ans ? » France, maman de deux têtes blondes, abonde dans ce sens : « Aux Étatsunis, on vaccine les enfants... mais ils ont beaucoup plus d’obèses qui sont donc à risque. Par ailleurs, on prend ce produit pour une potion magique, on ne parle jamais de prévention, et aucun traitement autre que le doliprane n’est proposé ! »
Sarah, mère de deux fillettes, ne partage pas cette position : « Au début, j’étais contre la vaccination des enfants. Mais aujourd’hui, j’estime qu’on dispose d’informations fiables parce que de nombreuses études ont été réalisées. On connaît le fonctionnement de L’ARN messager, on sait qu’il n’y a pas de danger. Alors oui, je ferai vacciner mes filles. D’autant que j’en ai assez de toutes les contraintes. Encore ce lundi, j’ai dû aller rechercher ma plus jeune parce que sa classe venait de fermer. Je pense qu’il faut tout faire pour retrouver une vie normale. »
Éviter les fermetures de classes
Julia y est également favorable : « Je ne suis pas médecin, ni spécialiste de la question, donc je fais confiance à ceux qui ont les compétences scientifiques. On commence à avoir le recul suffisant, des études ont été menées, donc pourquoi ne pas le distribuer aux moins de 11 ans, s’il n’y a pas de risque ? Je le pense d’autant plus que j’ai été confrontée à la fermeture de classe de mon fils. La vaccination nous évitera peut-être de nous retrouver à devoir aller chercher nos enfants au pied levé. Et audelà de cet aspect purement organisationnel, j’estime qu’il faut tout faire pour protéger les plus fragiles. »
Tony, père de deux bambins, en est arrivé à la même conclusion : « Ma fille de 15 ans a été vaccinée. Pour mon fils de 6 ans, je me suis posé la question. Je sais que s’il attrapait la Covid, il ne risquerait pas grand-chose. D’ailleurs, à la maison, nous l’avons tous contractée en février dernier, sauf lui ! Mais en ce moment, étant donné le nombre de contaminations, il est possible qu’il ramène le virus de l’école. Or, les enfants sont souvent peu symptomatiques. Il pourrait être porteur et contaminer sa grand-mère qui est âgée et qui a des comorbidités, juste en l’embrassant. S’il était vacciné, nous serions plus sereins. » Les parents se divisent donc en deux écoles : individualiste d’un côté (au sens de la protection individuelle) et altruiste (avec l’idée de protéger les autres et de freiner l’épidémie).
Toujours est-il que le sujet fait beaucoup parler, jusqu’à susciter parfois les crispations. Surtout à l’heure où le nombre de fermeture de classes se multiplie.