Des pulls pour retisser du lien entre pros de la laine
Avec la marque Chandam, Sandra Kochmatlian et Eleonore Bricca créent des pièces tendance à porter. Mais leur démarche dépasse la mode : le duo souhaite dynamiser l’agriculture locale.
Sortir du troupeau, créer une meute. Une clique d’amateurs de mode qui se soucient aussi bien des tendances que de leur conscience. Tel est le parti pris par Chandam. Après des mois et des mois de travail, la première collection de Sandra Kochmatlian et Eleonore Bricca voit le jour. Une éclosion qui n’est pas sans ravir cette dernière qui la présente, dans son appartement de Juan-les-pins. Bérets, écharpes, pulls et vestes. Le tout, en laine 100 % mérinos française. Une précision qui signifie beaucoup pour les deux fondatrices : « Nous avons envie de valoriser cette matière naturelle en misant sur une démarche responsable. » Si les modèles proposent un vent frais aux couleurs pop – avec un coquelicot pimenté ou encore du graphique chic –, c’est pour mieux servir la vocation du projet.
La laine, un travail de longue haleine
« Au départ, la mode, ce n’est pas foncièrement mon truc. De son côté, Sandra est vraiment calée sur la maille », reconnaît humblement l’ingénieure agronome qui défend les éleveurs ovins locaux : « À travers nos créations, nous voulons créer un circuit vertueux. » Pour ce faire, le duo a rendu visite aux femmes et hommes qui, chaque jour, s’occupent de leur cheptel.
« Nous en cherchons encore dans les Alpes-maritimes. Notre but est de construire une vraie relation avec eux. Bien souvent, ils ne savent pas comment sera transformée leur laine, on leur permet également d’avoir ce regard sur leur travail », souligne celle qui soutient l’économie de proximité : « Les moutons viennent de La Crau et des massifs alpins. La filature est réalisée par Fonty à Rougnat dans la Creuse, le tricotage est fait à Clamart mais également en Italie à Reggio Emilia, tout comme le lavage et peignage à Biella. » Un choix pour nos voisins transalpins, dont le savoir-faire en la matière demeure reconnu : « Le concept est de valoriser le travail des métiers de la laine. Et aussi d’oeuvrer ensemble pour améliorer la qualité. Comme le fait d’arrêter de peindre les moutons par exemple. » Faire en sorte de dynamiser un secteur qui mérite un bel éclairage. Et ce, également au niveau des coûts. Puisqu’en voulant miser sur une zone géographique réduite, Chandam vise à devenir un acteur dans le secteur.
De la soie pour l’été
Un engagement qui s’inscrit dans une logique écologique pour les deux consoeurs. Via les techniques de tricotage mais aussi le choix d’un envoi sans carton à jeter, le but semble clair : réduire la production de déchets.
Une volonté qui se tisse avec les premières pièces vouées à réchauffer corps et coeurs. « On a déjà des idées pour les prochaines. On nous demande de nouvelles couleurs », indique Eleonore Bricca qui ne file pas de mauvais coton lorsque l’on parle d’une collection été ? « On misera sur la soie pour la période plus chaude. » Du ver pour tendre toujours vers le vert.