Avions : ceux qui font « trop de bruit » sortent du silence
Alors qu’une restriction des tours de piste est abordée, ce mercredi, les usagers de l’aéroport Cannes-mandelieu souhaitent sortir « du débat passionné » et zoomer sur les axes de travail.
Sortis du silence. À l’approche de la Commission consultative de l’environnement (CCE), ce mercredi, et en réaction à notre article du 10 novembre (1), les usagers de l’aéroport Cannes-mandelieu ont (enfin) pris la parole. La modification des règles de l’aviation légère sur le site étant abordée lors de la réunion, Nicolas Eynaud de Fay et Eric Legros se sont exprimés sur les tours de piste, visés par des restrictions.
Au nom de l’aucap (2), qui, écoles, aéroclubs et sociétés mêlés, représente « huit structures, 50 avions, près de 1 000 pilotes et 50 instructeurs. » Et sans cacher leurs intentions : « Des associations de riverains font un très bon lobbying, nous non. Parfois, elles véhiculent des informations fausses ou déformées ,assènent-ils. On doit s’exprimer sur ce que l’on fait vraiment. » Manière de « dépassionner le débat » et d’évoquer « des solutions concrètes. »
Restreindre les tours de piste ? « Pas une solution »
Avant tout, au sujet des tours de piste, consistant à répéter atterrissage et décollage dans le cadre des formations, « essentiel de l’activité de l’aviation légère ici, appuie Eric Legros. Et le tour de piste [20 % de l’activité], c’est la base de la formation : pour parer aux aléas du trafic, gérer une panne moteur... »
Manoeuvres qui excèdent certains collectifs de riverains, mettant en cause leur dangerosité et le bruit généré. Une limitation estivale sera ainsi abordée, ce mercredi. Incompréhension : « Restreindre sur quelques jours de l’année, qu’est-ce que ça va entraîner ? Ces tours de piste, il faudra les faire, de toute façon , expose-t-il. Mathématiquement, ça n’aura rien changé et nous contraindre à resserrer les créneaux. » Nicolas Eynaud de Fay s’inquiète même : « Quels bénéfices pour le ressenti des riverains ? Il risque d’être négatif, puisque l’activité va être plus condensée. Ce qui aura, de notre côté, un impact sur l’organisation des formations. »
Des propositions « pérennes »
Dans une activité « très normée et complexe », soumise à un espace contrôlée, ils rappellent, déjà, qu’en fonction de la météo ou du trafic, les pilotes ne sont « pas toujours maîtres à bord, obligés de se conforter au contrôle aérien. » Que la sécurité et le « respect des règlements, des trajectoires » sont une « priorité. Ça a été reconnu de tous en CCE et, c’est vrai, ce n’était pas forcément le cas il y a quinze ans. »
Autres « efforts » récents : l’équipement « de 95 % de flotte » de doubles silencieux, la modification de l’approche par Tanneron, « qui fait passer les avions au-dessus de Mandelieu 300 mètres plus haut. » Mais aussi la proposition de rehausser « de 500 pieds [150 mètres] la hauteur des tours de piste. Il va falloir impliquer beaucoup de monde et ça ne se fera pas dans les deux mois. Mais on propose des solutions pérennes. » Exemple : les tests menés cette semaine avec un avion électrique [lire plus loin].
« Certains ont l’objectif de fermer le site »
« Je regrette la partie irrationnelle du débat sur le bruit, synthétise Nicolas Eynaud de Fay. On fait des choses, on est concerné. Mais certains ont un objectif stratégique assumé : faire fermer le lieu. Donc c’est difficile de se comprendre...» Rappelant que l’installation du site est antérieure à celle des populations, ils scandent : « Essayons de cohabiter au mieux. Oui, nous avons une empreinte sonore, pas si importante que l’on veut faire croire, mais nous travaillons à des solutions. Non, le nanti pilote dont l’intention est d’embêter ses voisins, ça n’existe pas. Dans nos clubs, il y a des gens aisés, d’autres moins. À l’union des aéroclubs de la Côte d’azur (UACA), l’immense majorité des membres est bénévole. C’est la passion qui mène les gens ici. Alors, dans tout ça, disons que l’on n’est pas des victimes, mais un peu des boucs émissaires...»
1. L’association de défense contre les nuisances aériennes (ADNA) y évoquait les outils mis en place pour préparer la CCE mais aussi la volonté de restreindre les tours de piste.
2. Association des usagers aéronautiques de Cannes aéroport.