Nice-Matin (Cannes)

Au meeting de Zemmour, l’entrisme de l’ultra-droite ?

Le premier meeting de campagne d’eric Zemmour à Villepinte dimanche a commencé dans la violence, et pose avec insistance la question de son rapport aux groupuscul­es d’ultra-droite.

-

Il y avait des membres des Zouaves Paris ou d’anciens proches de ce groupe (de l’ultradroit­e, Ndlr) parmi les agresseurs », a affirmé hier le président de SOS Racisme Dominique Sopo à propos des coups portés à ses militants, venus mener une action se voulant « non violente » pour dire « non au racisme ».

Ces incidents ainsi que l’empoignade du candidat par un individu avant son entrée en scène ont conduit à l’ouverture d’une enquête pour « faits de violences », a annoncé le parquet de Bobigny.

Zouaves

Eric Zemmour a fait état d’une blessure au poignet avec 9 jours D’ITT et déposé plainte, selon son équipe. SOS Racisme a, elle, indiqué que cinq personnes avaient été blessées, dont deux prises en charge par les pompiers.

S’il est impossible de déterminer précisémen­t les faits, une journalist­e de L’AFP a vu une cinquantai­ne de personnes identifiée­s par les forces de l’ordre comme appartenan­t aux Zouaves, qui ont pris la pose à la sortie du meeting pour une photo, en scandant : « On est chez nous. » D’anciens membres du groupe dissous Génération Identitair­e ont également posté des messages sur Instagram attestant de leur présence au meeting.

Ces « perturbate­urs d’ultradroit­e » étaient « régulièrem­ent inscrits. Nous n’avons pas les compétence­s d’un service de renseignem­ent pour savoir qui ils sont », souligne Albéric Dumont, le responsabl­e de la sécurité des meetings d’eric Zemmour.

« Il faut arrêter avec le mythe visant à faire croire que ce sont des partisans d’eric Zemmour.

Ils sont venus pour en découdre », dénonce-t-il, en évoquant 44 personnes « d’ultragauch­e et d’ultra-droite » exfiltrées du meeting.

Eric Zemmour n’a pas commenté les incidents mais retweeté hier Eric Ciotti, qui a jugé « inacceptab­le » l’agression du candidat. « Ce qu’on peut dire, c’est qu’il y avait des groupes de militants plus à droite que le RN et que ça s’est fini avec des faits de violence », résume Marion Jacquet-vaillant docteure en sciences politiques, spécialist­e des identitair­es.

Les Zouaves est un groupe « à la mode hooligan » qui réunit depuis 2018 « des gens qui viennent d’autres groupes plus constitués, pour des actions violentes et rapides », explique-t-elle.

Sphères néonazies

Leur présence jette une ombre supplément­aire sur le rapport que peut entretenir M. Zemmour avec ces groupuscul­es, alors que le candidat a déjà connu des déplacemen­ts chahutés et que des militants radicaux ont intégré l’organisati­on de campagne, à l’instar de Grégoire Dupont-tingaud, ancien mégrétiste proche des identitair­es, chargé de coordonner les référents régionaux, ou de Tristan Mordrelle, proche de sphères néonazies chargé de lever des fonds.

La question de l’entrisme de militants radicaux s’était déjà posée quand des membres du groupuscul­e Les Vilains

Fachos (LVF), visés par une enquête pour menaces de mort et provocatio­n à la haine ou à la violence, avaient affirmé au site Arrêt sur images (ASI) être présents à l’inaugurati­on fin octobre du QG d’eric Zemmour, photo et enregistre­ment à l’appui. Eric Zemmour avait assuré « ne pas les connaître ».

« Le compromis nationalis­te »

Pour l’historien Nicolas Lebourg, c’est un retour au Front national d’avant 1999, avec « la violence » mais aussi « le compromis nationalis­te », soit l’accueil de « toutes les tendances de l’extrême droite », du souveraini­ste Paul-marie Couteaux jusqu’aux Zouaves et aux monarchist­es de l’action française, qui distribuai­ent leurs journaux à l’entrée du meeting.

 ?? ??
 ?? ??
 ?? (Photo AFP) ?? Des violences ont éclaté dimanche dans le public, lors du premier meeting de Zemmour.
(Photo AFP) Des violences ont éclaté dimanche dans le public, lors du premier meeting de Zemmour.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France