À Saint-Cézaire, la légende de la pierre des Morts aux Veyans
Il y a les friandises qu’on découvre en ouvrant la petite porte du calendrier de l’avent. Les gentils messages et même les produits de beauté. Nous, on vous propose des histoires. Une par jour en attendant la veillée.
Autrefois, le hameau des Veyans, à Saint-Cézaire-Sursiagne, à la limite du département du Var, se trouvait fort excentré de la commune dont il dépendait. Un chemin muletier fort escarpé, à flanc de falaise, permettait aux habitants du lieu de rejoindre le village pour se rendre au marché ou à l’hôtel de Ville. Lorsque quelqu’un décédait au hameau, il fallait porter sa dépouille au village où se trouvait le cimetière. Le chemin des morts empruntait alors cette sente sinueuse, suivant la topographie naturelle.
La route était longue et le cheminement du convoi funéraire s’avérait malaisé. Le chemin était si difficile que les porteurs seuls l’empruntaient, le curé et le reste du cortège suivant à distance, en prenant plus de temps. Sur le parcours, une énorme pierre dite « pierre des morts », « table des morts » ou « reposoir », permettait aux porteurs de déposer la bière pour l’exposer ou pour reprendre des forces. Ce chemin des morts était une voie sacralisée et personne ne pouvait le posséder. Ne pas utiliser le chemin rituel, c’était aussi exposer le mort à revenir hanter les vivants par son insatisfaction, mais également exposer les participants à des malheurs. Parfois, une « ensuaireuse », qui ouvrait le cortège, traçait le chemin du mort avec de la paille enflammée prise à la paillasse du défunt pour écarter les mauvais esprits. Cette coutume pouvait entraîner des conséquences curieuses : la « jurisprudence » populaire actait en effet qu’une fois la mort passée dans un chemin, celui-ci devenait public, et son propriétaire perdait son droit. De là le refus de certains propriétaires de laisser passer le convoi, sans compter le mauvais oeil qu’un tel chemin pouvait attirer sur soi !