Nice-Matin (Cannes)

Une Grassoise crée l’antenne Enfance et partage du 06

Après avoir déposé plainte et fait condamner (en partie) son bourreau. Arès avoir construit sa vie. Véronique De Luca Berdot se donne à « sa » cause : l’enfance maltraitée.

- CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr

Àla lecture de son livre Enfance v(i)olée, on a eu envie de savoir comment elle allait. Parce que lorsqu’on subit la violence, la manipulati­on et l’inceste de son beau-père depuis l’âge de 4 ans, lorsqu’on vit, à la fin des années 1980, l’un des premiers procès qui a abouti – grâce à Gisèle Halimi (1) – à des condamnati­ons, lorsqu’on raconte les détails des tortures infligées à une fratrie avec force de détails bouleversa­nts, on génère l’empathie, l’intérêt et les interrogat­ions.

« Je vais bien, promet, avec force, la Grassoise Véronique De Luca Berdot. Je suis une guerrière. [...] La plaie n’est plus béante mais la cicatrice, elle est encore bien là… » Et ce livre, elle l’a écrit pour sa fille. Pour « tout ce que je ne lui avais pas dit. Parce que je ne savais pas par quel bout commencer…. » Aujourd’hui, son bourreau est décédé. « Il avait pris six ans : en fait, le viol n’avait pas été reconnu. Seulement les maltraitan­ces. Il est sorti au bout de quatre. Et il s’est encore marié quatre fois… Il est décédé en 2011. »

Basée à la maison des associatio­ns de Cagnes

Véronique De Luca Berdot, elle, a fait son bout de chemin. Après s’être enfuie à 14 ans, après avoir déposé plainte, elle a fini de grandir en foyer et a commencé à se reconstrui­re, petit à petit, jusqu’au procès, en 1988. Ensuite, elle a commencé à travailler, à vivre, à aimer. Et elle a eu sa fille. « Je me suis toujours dit qu’un jour, je créerai une associatio­n qui viendrait en aide aux enfants. »

Ce qu’elle fait depuis peu, en animant l’antenne Enfance et partage des Alpes-maritimes. Basée à la maison des associatio­ns de Cagnes-sur-mer et au bout d’un téléphone (119). « Aujourd’hui, on estime qu’un enfant sur cinq subit des violences, qu’elles soient sexuelles ou morales. »

Et la plupart des enfants ne disent rien : « Parce qu’ils pensent qu’ils méritent ce qui leur arrive. » Véronique et son équipe sont donc là pour répondre aux enfants en détresse : « L’appel passe par le national et redescend chez nous, il y a toujours quelqu’un pour répondre aux enfants et pour agir en envoyant, par exemple, quelqu’un (la police) s’il y a danger. »

« La prévention est primordial­e »

L’antenne a été créée il y a peu. « Nous avons besoin de bénévoles et de fonds pour aménager nos locaux avec des jeux, des livres et organiser des sorties avec les enfants que nous recevons. »

« Nous avons déjà aidé une petite fille que nous suivons ainsi que deux soeurs agressées par leur grand frère. »

En janvier, les interventi­ons dans les écoles vont débuter. «Lapréventi­on est primordial­e… Il faut savoir que nos équipes sont formées pour chacune des missions qui leur sont dévolues. Les personnes qui répondent au téléphone, celles qui vont dans les écoles, celles qui accueillen­t les enfants… Chacune a été sensibilis­ée et formée aux missions avant de les accomplir… » Chacune au service de l’enfance qui souffre.

1. Sa stratégie de défense médiatisée de deux jeunes femmes victimes, en 1974, d’un viol collectif jugé en 1978, Anne Tonglet et Araceli Castellano, a contribué à l’adoption d’une nouvelle loi en 1980, définissan­t clairement l’attentat à la pudeur et le viol, permettant de reconnaîtr­e ce dernier comme un crime, alors qu’il était traité jusque-là, le plus souvent, comme un délit en droit français.

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(Photo Patrice Lapoirie) Véronique De Luca Berdot.

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