L’école de maraîchage urbain ouvre ses serres
En basse vallée de la Siagne, à La Bocca, une école de maraîchage est sortie de terre en septembre 2021. Présentation des intérêts agricole et économique de cette ferme novatrice.
Loin des paillettes de la Croisette, ils empoignent la binette pour reconquérir l’agriculture en milieu urbain. Sous le regard passionné et ambitieux de Christian Carnavalet, Meilleur Ouvrier de France en art des jardins et président de la coopérative « Les Petites Fermes d’azur ». C’est en grande partie grâce à sa contribution que la Ville peut ouvrir cette nouvelle école de maraîchage dénommée Institut Moreau-daverne (1). Celle-ci a été implantée sur un terrain municipal d’une superficie totale de 14 000 m2, en septembre dernier, à l’entrée des jardins familiaux du chemin de la Plaine de Laval, à La Bocca.
Avec ce projet, l’agriculteur et agronome s’est lancé plusieurs défis. À commencer par rendre la terre plus accessible aux paysans. Trouver un terrain agricole relève du parcours du combattant, tant le prix d’une location relève de l’indécence. « Ici, c’est parfait », sourit Christian Carnavalet avant de se tourner vers David Lisnard. « Le loyer est très faible. C’est 400 euros l’hectare par an », précise le maire, pour qui le maraîchage et l’agriculture locale et bio ne sont pas « du folklore ou un gadget » .Maisune réelle opération pour la protection de la biodiversité, le développement d’une filière locale et la multiplication des circuits courts.
French Method
Dorénavant, les 70 variétés de légumes cultivées sur l’exploitation seront servies dans les cantines municipales et aux restaurations commerciales. Deuxième objectif : remettre à l’honneur une méthode ancestrale de semis, plantation et repiquage au potager. «Il s’agit de la French Method. Elle a été abandonnée en France », confie le président de l’école.
En quoi consiste-elle ? «On plante, on repique, soit 1 500 gestes précis à réaliser tous les jours de l’année. » Cela permet à « un maraîcher d’obtenir, à partir de 1 000 mètres carrés, un revenu de 2 000 à 2 500 euros par mois sans les charges ». Selon Christian Carnavalet, l’institut Moreau-daverne a «un but qu’on ne trouve dans aucun lycée agricole » .Àsavoir : « former des paysans à leur compte ».
Deux maraîchers déjà formés
Les élèves sortent des autres établissements avec « une simple formation théorique ». « On les laisse trouver auprès des chambres d’agriculture des moyens de s’installer sans les accompagner. »
Ce manque pédagogique, l’école entend bien le combler. Même si cela a un coût pour les intéressés : 8 000 euros le ticket d’entrée. Pendant la formation, entre neuf mois et un an, les apprentis ne perçoivent pas de salaire.
Or, comme « ce sont généralement des personnes en reconversion professionnelle », ces derniers sont « pris en charge par Pôle Emploi
et touchent une allocation », rassure le président. Et ensuite ? « Ils deviennent officiellement agriculteurs et peuvent s’inscrire à la MSA ». D’ailleurs, ils ne se retrouvent pas lâchés en pleine nature. « Ceux qui le souhaitent peuvent continuer à travailler sur notre parcelle de 1 000 m2 et bénéficier de toutes les cultures. » Actuellement, seuls deux apprentis, âgés de 20 et 38 ans, ont été formés. Quatre autres intégreront l’école d’ici le mois de juin 2022, dont Micka Golé et Nicolas Le Borgne (voir ci-dessous). À terme, l’exploitation pourra accueillir entre 12 et 18 élèves maraîchers.