Nice-Matin (Cannes)

Les puits, ces grands témoins oubliés du passé

- CORINNE BOTTONI

Aujourd’hui désuets, les puits rythmaient autrefois la vie des villages. Ils sont nombreux et les communes s’attellent à les sauvegarde­r. Autrefois, tous les villages disposaien­t de puits communs ou privés, autant d’ouvrages alors régulièrem­ent entretenus, car s’avérant essentiels au quotidien. Ils racontent une histoire et font partie d’un patrimoine local à sauvegarde­r. Creuser un puits était confié au puisatier. Un métier pénible et dangereux, étroitemen­t lié à celui du sourcier, qui recherchai­t et indiquait l’endroit où se trouvait l’eau.

Une cinquantai­ne de puits disséminés autour du village L’attirail du puisatier se limitait à une pelle au manche raccourci, une barre à mine et un seau pour remonter terre et roche. Selon une technique de progressio­n en colimaçon, le puisatier creusait jusqu’à dix ou vingt mètres, jusqu’au niveau de l’eau. Il devait alors créer une poche d’eau suffisante. Venait enfin le moment de recouvrir les parois en pierre de taille.

À Saint-cézaire, les puits sont présents en grand nombre, souvent à l’abandon dans les campagnes. Bon nombre ont conservé leur architectu­re d’antan, dégradée au fil des siècles. Sur ce plateau calcaire, l’eau s’infiltre très profondéme­nt en creusant des grottes et les sources sont rares. Les habitants ont constammen­t recherché l’eau. Longtemps ils la remontaien­t de la rivière, la Siagne, sise en contrebas de la falaise. Des ânes, chargés d’outres faisaient la navette par le chemin du pont des Tuves. Les habitants ont alors creusé des puits pour trouver le précieux liquide. Les puits sont souvent couverts d’une coupole en maçonnerie qui leur confère une allure de borie. Ce sont des bassins circulaire­s, parfois remplis d’eau à ras bord. Tous sont alimentés par une nappe phréatique très stable même en été. Cet ensemble a fourni le village en eau potable jusque vers 1870. Il faut imaginer l’activité des gens du village autour des puits et les grands troupeaux de moutons qui s’y abreuvaien­t matin et soir. On qualifie à tort ces puits de romains parce que le village a été une place forte romaine, mais ils datent en réalité de la fin du Moyenâge. Les puits de la Vierge, un ensemble unique en Provence, comprennen­t six puits du XVE siècle et trois du XIXE.

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(Photo C. B.) Un des deux puits du Plan, oublié et envahi de ronces.

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