Nice-Matin (Cannes)

Cinq choses à savoir sur le Kazakhstan

En proie à des émeutes qui ont fait des dizaines de morts, l’ex-république soviétique est riche en ressources naturelles mais frappée par des difficulté­s économique­s.

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Des « dizaines » de manifestan­ts ont été tués par la police dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu’ils tentaient de s’emparer de bâtiments administra­tifs.

Le mouvement de colère, débuté dimanche en province en raison d’une hausse des prix du gaz, s’est ensuite étendu à la plus grande ville du pays, Almaty, où il a viré à l’émeute, les manifestan­ts s’emparant de bâtiments administra­tifs et brièvement de l’aéroport, tandis que les pillages se sont multipliés. Face au chaos, la Russie voisine et ses alliés de l’organisati­on du traité de sécurité collective (OTSC) ont annoncé l’envoi d’une « force collective de maintien de la paix ».

Un dirigeant historique

Premier secrétaire du Parti communiste kazakh en 1989, Noursoulta­n Nazarbaïev a conservé, après la chute de L’URSS, la tête de ce pays où aucune élection n’a jamais été reconnue comme libre et indépendan­te par les observateu­rs internatio­naux.

Le « Père de la Nation » («Elbassy » en kazakh) a finalement cédé la présidence en 2019 à un fidèle, Kassym-jomart Tokaïev, mais ce départ était plus formel que réel, tant il a conservé une influence majeure. Un culte de sa personnali­té a aussi été instauré : la capitale Astana a ainsi été renommée Nur-sultan, son prénom, juste après son départ de la présidence.

C’est l’ancien président qui avait ordonné en 1997 que la ville d’astana, située au milieu des steppes dans le nord du pays, devienne la nouvelle capitale kazakhe aux dépens d’almaty, restée la plus grande ville et la capitale économique. Des gratte-ciel futuristes furent alors construits et des milliers de travailleu­rs envoyés dans cette ville exposée pendant l’hiver à des vents et températur­es glaciales tombant régulièrem­ent en dessous de -20 °C.

Un vaste pays

Avec plus de 2,7 millions de kilomètres carrés, le Kazakhstan est le 9e pays le plus étendu au monde. Les vastes steppes kazakhes abritent le cosmodrome de Baïkonour, exploité par la Russie.

Six décennies après le décollage de son pas de tir de Iouri Gagarine, c’est la seule base de lancement permettant d’envoyer des engins vers la Station spatiale internatio­nale (ISS).

Forte minorité russe

Fier de son histoire et de ses traditions nomades, le Kazakhstan a fêté en 2015 le 550e anniversai­re du premier État kazakh. Des célébratio­ns perçues par des experts comme une réponse aux propos du président russe Vladimir Poutine, qui avait affirmé que le Kazakhstan n’avait jamais été un État avant son indépendan­ce de Moscou en 1991.

Ce territoire peuplé de nomades fut peu à peu conquis aux XVIIIE et XIXE siècles par l’empire russe dont les colons fondèrent Alma-ata (aujourd’hui Almaty). Le pays était devenu en 1936 l’une des 15 république­s fédérées de L’URSS. Si les Kazakhs représente­nt près de 70 % des quelque 18 millions d’habitants, à majorité musulmane, le pays compte ainsi historique­ment une importante minorité russe, aujourd’hui évaluée à un cinquième de la population (contre plus de 40 % dans les années 1970).

Dépendant du pétrole

Première économie d’asie centrale, le Kazakhstan a été habitué par le passé à des taux de croissance à deux chiffres. Mais le pays souffre depuis 2014 de la baisse des prix des hydrocarbu­res et de la crise économique chez son allié russe, qui a provoqué la dévaluatio­n du tenge kazakh et entraîné une forte inflation. L’or noir a représenté 21 % du produit intérieur brut (PIB) kazakh en 2020, selon la Banque mondiale qui prévoit une croissance économique de 3,7 % cette année. Parmi les principaux producteur­s mondiaux d’uranium (fournisseu­r des centrales atomiques françaises), le Kazakhstan regorge de manganèse, de fer, de chrome et de charbon. Le pays est aussi une place forte du « mining » de bitcoin. Dépendant du marché chinois pour exporter son pétrole et son gaz, le Kazakhstan se vante d’être la « boucle » dans l’« Initiative route et ceinture » de la Chine, c’est-à-dire le pharaoniqu­e projet chinois des « Nouvelles routes de la soie ».

Marre de Borat

Malgré les millions de dollars investis pour promouvoir l’image de ce pays riche en hydrocarbu­res, le Kazakhstan reste parfois associé au personnage de Borat, héros du film éponyme du comédien britanniqu­e Sacha Baron Cohen. Sorti en 2006, ce faux documentai­re parodique suivait le voyage en Amérique d’un Kazakh fictif raciste, grossier et incestueux. Une image qui n’a pas plu aux autorités du pays.

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