« Rester humble par rapport à notre capacité à comprendre cette espèce »
Aline Comeau, directrice du Parc national du Mercantour
En juillet 2020, Aline Comeau a pris la direction du parc national du Mercantour, où le loup est réapparu en 1992.
Aujourd’hui, 72 % des attaques ont lieu le jour, selon la Direction départementale des territoires et de la Mer. Contre 50 à 60 % il y a deux ans. Qu’est-ce qui a changé ?
Nous ne travaillons pas sur l’ensemble des Alpes-maritimes. Mais sur la zone du Mercantour, les troupeaux sont mieux protégés la nuit, ce qui pourrait expliquer le report d’une partie des attaques le jour.
Pourquoi le pastoralisme est-il important pour l’environnement ?
Le pastoralisme est une façon de produire de l’alimentation humaine qui est très extensive et proche du consommateur. Il permet aussi un maintien des milieux ouverts dans les zones de moyenne altitude.
Sait-on tout du loup (reproduction, migration, attaques) ou reste-t-il encore un mystère pour l’homme ?
On ne sait pas tout du loup. Les références bibliographiques dont on dispose concernent des milieux plus sauvages, comme Yellowstone par exemple [parc national situé dans le quart nord ouest des Étatsunis, Ndlr] où le pastoralisme n’a pas une place aussi importante. Il est donc crucial de mieux connaître son comportement dans notre contexte. C’est pourquoi, dans le cadre du programme Life Wolfalps [entre pays frontaliers dont l’objectif est d’améliorer la coexistence homme-loup dans les Alpes, Ndlr], et du plan national loup [qui prévoit la mise en place d’une série de mesures d’accompagnement des éleveurs confrontés à la prédation et un renforcement de l’aide au pastoralisme, Ndlr] ,leparcdu Mercantour a engagé des études génétiques pour mieux comprendre la répartition des meutes, a mis en place une zone test de suivi par piège photographique, et va engager des études précises sur certains foyers de prédation pour mieux comprendre les comportements individuels des loups. Cependant, il faut rester humble par rapport à notre capacité à comprendre cette espèce difficile à observer.