Nice-Matin (Cannes)

Renforcer la présence humaine

- SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr 1. Les dispositif­s de protection des troupeaux contre la prédation sont cofinancés par l’état et l’europe.

Dans la protection des troupeaux, le rôle du berger est central. Cette mission de surveillan­ce peut cependant être rendue plus ardue par la configurat­ion des lieux (zones escarpées, forêts, végétation de broussaill­es), mais aussi par la taille du cheptel.

« Un berger qui a 2 000 ou 3 000 brebis ne peut pas avoir les yeux partout », note Ingrid Briclot, éleveuse dans les Alpes-de-haute-provence. Pour son cheptel de quelque 500 têtes, elle a recours, l’été, à un berger et un aide berger pour chacun de ses deux troupeaux. «Nousles scindons en deux », explique-t-elle.

Et elle fait appel aux bénévoles proposés par Ferus, associatio­n pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs, pour l’aider dans des missions de surveillan­ce.

Le plan loup prévoit de financer le recrutemen­t

(1) d’un berger ou d’un aide-berger.

« Les dépenses de salariat pour ce gardiennag­e sont prises en charge à 80 %, et ça monte à

100 % dans les zones en coeur de parc national », explique Mathieu Barreteau, responsabl­e mission pastoralis­me et loup à la DDTM 06.

Par ailleurs, si l’éleveur assure lui-même ce surcroît d’activité dû à la surveillan­ce du troupeau, ce « temps supplément­aire est pris en charge, dans la limite d’un plafond annuel ».

Toujours dans le but d’épauler les éleveurs, le parc national du Mercantour a expériment­é en 2021 un dispositif d’urgence, complément­aire, pour la zone du coeur de parc. « Ils peuvent solliciter le soutien d’un berger d’appui, qu’ils choisissen­t, pour une durée de 5 à 10 jours. Ils font appel au service de remplaceme­nt. On l’a notamment mis en oeuvre dans la Roya », explique Nathalie Siefert, chef du service « Connaissan­ce et gestion du patrimoine » au parc national du Mercantour. Ces mesures nécessiten­t de disposer d’une main-d’oeuvre qualifiée. « Le vivier de bergers et d’aides bergers est limité, reconnaît Mathieu Barreteau. Mais les organismes de formation s’ouvrent à davantage de candidats et travaillen­t sur la protection des troupeaux. »

Par ailleurs, renforcer la présence humaine requiert aussi d’améliorer les conditions de vie des bergers en estive, notamment en effectuant des travaux dans les cabanes d’alpage, des bâtiments communaux.

Disposer de chiens de protection est un outil « indispensa­ble ». Le chien montagne des Pyrénées est notamment utilisé par les éleveurs pour garder les troupeaux.

Ingrid Briclot et André Morel s’appuient sur leurs 10 patous. « La nuit surtout, c’est là qu’ils donnent 100 % de leur potentiel. »

Pour qu’ils soient efficaces, explique-t-elle, il faut qu’ils soient nés et qu’ils aient grandi au sein du troupeau de brebis. « Sans cet attachemen­t, ces chiens risquent de divaguer, or on a besoin d’eux au plus près des bêtes. C’est important qu’il y en ait des vieux et des plus jeunes. De plus, pour éviter les problèmes avec les promeneurs, ils doivent être bien éduqués et habitués à la présence humaine. »

Pour aider les éleveurs à faire face au coût, l’état prévoit des aides à l’achat de ces chiens de protection (montagne des Pyrénées, montagne des Abruzzes ou berger d’anatolie) ainsi que pour l’entretien vétérinair­e et la nourriture. « Ces aides couvrent jusqu’à 80 % des dépenses », note Mathieu Barreteau.

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