Nice-Matin (Cannes)

St-raphaël : il incendie un bateau avec ses occupants

Un mécanicien, furieux de ne pas avoir été payé, souhaitait « faire peur » aux propriétai­res...

- V. W.

Noël K. a autant de mal à avouer qu’il travaille au noir qu’il a un problème avec l’alcool. Alors reconnaîtr­e qu’il a sciemment mis le feu, dans la nuit du 2 au 3 août 2017, au bateau des époux D. alors que ceux-ci se trouvaient à bord... «Cette position peut sans doute s’expliquer. Au début de l’instructio­n, une informatio­n judiciaire pour tentative d’assassinat avait été ouverte, tente le procureur David Malicot. Il a donc cherché à se dédouaner à tout prix. » Mais au fil de l’enquête, l’intention homicide n’a pas pu être démontrée. C’est donc « seulement » pour dégradatio­n du bien d’autrui par un moyen dangereux et menace d’une arme que le tout jeune sexagénair­e est renvoyé devant le tribunal correction­nel de Draguignan.

Rumination­s au goût anisé

Ces faits trouvent leur source dans un simple conflit commercial. Résidants en Belgique, Marcel D. et son épouse avaient chargé Noël de remettre en état leur bateau, à quai dans le port de Santa-lucia de Saintrapha­ël. « Ils m’avaient dit de faire le nécessaire mais au fur et à mesure j’ai découvert plusieurs pannes, raconte le mécanicien à la barre. Quand ils sont arrivés début août, le bateau n’était pas prêt. Ils n’ont pas voulu me payer... La discussion s’est mal passée. Ils étaient en colère et moi aussi...» Noël, gardant la tête hors de l’eau uniquement grâce à des chantiers non déclarés, retourne à ses occupation­s. Mais finit dans un bar à ruminer autour de « six ou sept Ricard ». Dans le coffre de son scooter, un bidon d’essence « quasi-vide ». « J’ai eu envie d’aller les voir pour les menacer. De leur faire peur. » À partir de là, les versions divergent et personne, à l’audience, ne va revenir sur la sienne. Pour les époux D., réveillés vers 0 h 20 par les aboiements de leur chien, Noël aurait dit à Marcel : «Je vais vous cramer, vous et votre bateau » avant de balancer de l’essence et de mettre le feu.

L’incendiair­e brûlé aux mollets

Heureuseme­nt, le bidon ne contenait que peu de liquide inflammabl­e et les dégâts ont été superficie­ls. Suffisamme­nt néanmoins pour brûler Noël aux jambes. Des blessures qui nécessiter­ont plusieurs semaines d’hospitalis­ation.

Mais le « pompier pyromane » a eu la présence d’esprit d’éteindre luimême son feu après avoir reçu plusieurs coups au visage de la part de Marcel. Noël, lui, réfute cette version. « J’ai appelé Marcel et, avec le bidon à la main, je lui ai demandé comment on faisait. Je suis monté sur le bateau et on a commencé à se battre. De l’essence s’est déversée sans que je fasse exprès. J’avais dû ouvrir le bouchon... J’ai eu du liquide sur moi. À ce moment-là, Mme D. est sortie de la cabine et elle a allumé une cigarette. C’est ce qui a mis le feu. »

« La partie civile est peutêtre belge, mais elle n’est pas bête, sourit le procureur, peu convaincu par les explicatio­ns du prévenu. Madame aurait été à la porte de la cabine avec une cigarette et n’aurait pas eu une seule brûlure ? »

Il avait déjà aspergé d’acétone... des policiers

Le casier de Noël n’arrange pas ses affaires... En 2002, il avait été condamné pour avoir aspergé d’acétone des policiers municipaux et menacé de leur mettre le feu... « C’est curieux comme méthode d’appréhende­r ses frustratio­ns » fustige David Malicot.

Malgré ses excuses, Noël est condamné à deux ans d’emprisonne­ment, dont un avec sursis. Le juge d’applicatio­n des peines décidera des modalités de la partie ferme. Le mécanicien flambeur devra en outre régler la somme de 11 500 euros aux époux D..

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(Photo d’illustrati­on D. M.) Noël K. assure qu’il n’avait pas l’intention d’incendier le bateau des époux D..

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