« D’autres types de cancers peuvent tirer bénéfice de cette innovation »
Drs Fauchon et Canova, onco-radiothérapeutes
Les Drs François Fauchon et Charles-henry Canova sont onco-radiothérapeutes au CHE à Nice.
Comment le traitement par radiothérapie peut-il générer une maladie cardiovasculaire ?
L’agression par les rayons du tissu cardiaque et des vaisseaux déclenche un processus inflammatoire qui peut aboutir à une fibrose ; les tissus nécrosés pendant l’inflammation sont remplacés par un tissu fibreux qui fait le lit de la maladie. Mais, lorsqu’une femme de 75 ans – qui 15 ans plus tôt a été traitée pour un cancer du sein – développe une maladie cardiovasculaire, il est rare que l’on fasse le lien entre les deux événements.
Comment la preuve a-t-elle été fournie du lien entre radiothérapie et survenue de maladies cardiaques ?
Une très large étude, déjà ancienne puisqu’elle a été publiée en 2013, a fait date dans le domaine. Conduite entre 1958 et 2001, elle a suivi 2 168 femmes traitées par radiothérapie pour un cancer du sein. Parmi elles, 963 ont été victimes d’un événement coronarien majeur entre 5 et 30 ans après le traitement ! Ce risque est directement lié à la dose moyenne de rayons (nombre de grays) délivrée au coeur. Il augmente de 7,4 % pour chaque gray de dose moyenne administrée.
Les indications de Vision RT se limitent-elles à l’irradiation du sein ?
Non. D’autres types de cancers peuvent tirer profit de cette innovation, notamment le cancer du poumon non opérable ou localement avancé (l’inspiration bloquée dans ce cas limite le mouvement respiratoire et donc le volume de poumon irradié). Ou encore le cancer du foie. Grâce à Vision RT, on peut mieux cibler les lésions tumorales et donc préserver les tissus sains environnants. C’est d’autant plus intéressant lorsqu’il s’agit de traiter des maladies oligométastatiques
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit typiquement d’un patient présentant 1 à 5 lésions secondaires à un cancer bronchique dans un nombre limité d’organes. La découverte de ces métastases peut être synchrone de la découverte de la tumeur primitive ou métachrone (dans un temps supérieur à 6 mois après le diagnostic). De nombreuses études de phase II ont retrouvé un bénéfice en termes de survie pour les patients traités localement en plus du traitement général par chimiothérapie, immunothérapie ou thérapie ciblée, en comparaison d’un traitement général seul. Des confirmations sont attendues dans des études randomisées avec de plus grands effectifs, mais l’espoir pour les patients ne doit cesser de grandir.
Et ce qu’il faut retenir, c’est que les techniques modernes améliorent de façon continue le rapport bénéfice/risque pour nos patients.