Monaco a mangé du Lyon
Les Monégasques se sont offert le rival lyonnais hier au terme d’un match quasi-parfait. Un succès qui leur permet de remonter à la 4e place ce matin.
Monaco était au carrefour de ses ambitions. Il a pris le bon virage en l’emportant hier avec la manière contre Lyon, qu’il n’avait plus battu depuis plus de trois ans en championnat. Cela ressemble à un match charnière dans une saison jusque-là loin des attentes mais qui pourrait se finir dans une allégresse qu’on n’osait plus imaginer. Le podium est encore loin mais paraît moins inatteignable ce matin, au lendemain d’une victoire acquise de la tête et des épaules sur des Lyonnais retombés dans leurs travers et de très haut hier. Cela dépendra de la capacité des Monégasques à ne pas s’enflammer, surtout, à réitérer ce genre de performances sur la durée et de celle, bien sûr, de ses concurrents directs, Nice et Marseille, à maintenir ou non leur rythme effréné.
La revanche de Jean Lucas
Sur le terrain en tout cas, L’OL n’a jamais su tenir la cadence imposée par les hommes de Philippe Clement, rentrés dans le match désinhibés de toute pression, malgré toute celle qui entoure le club actuellement. Une réussite de l’entraîneur belge qui a ramené de la joie et de l’enthousiasme dans le vestiaire mais aussi dans le jeu. La première mi-temps de son équipe a d’ailleurs frôlé le récital collectif avec des appels partout, tout le temps, et des combinaisons de toute beauté, à l’image du premier but, marqué par Jean Lucas dès la deuxième minute au terme d’un superbe mouvement entre Diop et Ben Yedder. Replacé plus haut, le Brésilien traverse sa meilleure période depuis son arrivée à Monaco, ce qu’il s’est fait un plaisir de montrer à son ancien club, dans lequel il ne s’est jamais imposé. Mais ce sont tous ses coéquipiers qui semblent se retrouver dans l’animation mise en place par Clement.
Gelson, Diop, Volland et surtout Ben Yedder se sont régalés dans les espaces laissés par L’OL, que Peter Bosz avait de nouveau installé en 3-5-2 malgré la première mitemps calamiteuse contre L’OM mardi. Ouverte aux quatre vents, la défense rhodanienne a subi les vagues monégasques (4 tirs cadrés dans le premier quart d’heure), et il a fallu un grand Anthony Lopes pour la maintenir à flots. Comme face aux Marseillais, le coach lyonnais a donc tout changé en seconde période. Il est repassé à quatre derrière, a fait entrer les recrues Ndombélé et Faivre et le match s’est équilibré.
Or, Monaco, souvent fébrile défensivement, n’a cette fois jamais donné l’impression de pouvoir être renversé.
Ben Yedder chef d’orchestre
Pas avec une charnière Disasi - Maripan aussi solide, pas avec un Tchouameni aussi immense et surtout pas avec un collectif aussi conquérant et solidaire. Un peu à l’envers, Nübel n’a été inquiété qu’une seule fois car il y avait toujours un pied, une tête ou même le ventre de Disasi pour repousser les occasions lyonnaises.
L’OL a manqué de beaucoup de choses, et surtout d’un attaquant inspiré et tueur, en soit tout ce qu’est Wissam Ben Yedder. Cuit, le capitaine monégasque, auteur de son 14e but en 22 matchs de L1, a demandé à sortir à la 80e minute, lui qui était habitué à ne jamais terminer les matchs avec Kovac, mais son coach lui a demandé de tenir encore, conscient de son immense importance. Hier, il n’a pas seulement marqué, il a été, grâce à sa technique et sa vista, le chef d’orchestre d’une partition parfaitement récitée. Avec un capitaine à ce niveau d’implication et d’excellence, Monaco, désormais quatrième de Ligue 1, peut se prendre à rêver. Ce n’était pas gagné.
Passeur et buteur, le capitaine de L’ASM a pris une épaisseur nouvelle depuis l’arrivée de Clement. Toujours clinique dans le dernier geste, il rayonne aussi dans le jeu, grâce au mouvement créé autour de lui.
■ NUBEL : il a paru stressé et peu à l’aise, un état d’esprit qu’il n’avait plus affiché depuis l’été et ses débuts inquiétants. Ses relances ont atterri dans des pieds lyonnais ou en touche. Quant à ses sorties, elles ont été à contretemps devant Gusto (29’) ou Dembélé (43’). Mais il fait barrage à Lukeba à bout portant (52’) et garde sa cage inviolée.
■ AGUILAR : offensivement, il a bien accompagné les coups, ce qui lui permet de dégainer une belle frappe (11’). Défensivement, il a répondu présent dans l’impact et le combat. Il a été peu gêné par un Emerson éteint dans un rôle d’attaquant gauche qui ne lui sied guère.
■ DISASI : cette semaine, il soulignait sa confiance retrouvée. Il n’a plus besoin de l’évoquer publiquement tant elle transpire sur le pré. Il a fait preuve d’une grande autorité. Comme l’a démontré son tacle devant Dembélé (75’) ou son jaillissement face à Paqueta (82’).
■ MARIPAN : à peine revenu de sélection où il n’avait joué qu’un match sur deux, il s’est plaint d’une pointe à la cuisse en fin de match. Avant ça, il a guidé sa défense avec aplomb, faisant signe à Aguilar de prendre son couloir par séquences. Il a contré Paqueta (32’) ou Mendes (36’) et dégagé la tête de Dembélé sur sa ligne (43’). Toujours bien placé et en usant du bon geste.
■ HENRIQUE : M. Buquet a demandé à Philippe Clement de le calmer après une contestation (24’). Ce rappel à l’ordre a suffi et il n’est pas sorti de son match. Jamais en danger en première période, il a bien négocié les montées de Dubois ou les percussions de Faivre après le repos, quand L’OL est passé à quatre derrière.
■ TCHOUAMENI : ila fait du Tchouameni. De la robustesse dans le duel, beaucoup d’intelligence et de prestance dans les ressorties de balle. Attendu sur le volet de la régularité, ce n’est plus un problème aujourd’hui. Il enchaîne les prestations de standing. Celles qui le rapprochent d’un joli transfert l’été prochain.
■ GELSON : oui, le Portugais n’est pas Ben Yedder face au but, puisqu’il échoue sur Lopes dans une position idéale (11’). Reste qu’il a développé son intelligence de jeu ces derniers mois. Et le jeu asémiste fait de courses croisées et d’appels dans le dos de la défense lui convient à merveille. Il paraît plus libre que sous Kovac. Il a distillé des bons ballons (4’, 7’) et s’efface bien pour laisser Diop filer au but (50’). Remplacé par VANDERSON (61’).
■ JEAN LUCAS : suivre son évolution devient l’un des attraits des matchs de L’ASM. Décevant à Montpellier, il est mieux depuis Lens et le 4-1-4-1. Les projections demandées par Clement collent à ses caractéristiques. Hier, il a ouvert la marque de la tête en se projetant avec envie. Il n’est pas loin du doublé mais Lopes s’interpose (15’). Moins juste en seconde période, le Brésilien a néanmoins livré un gros match. Remplacé par MATAZO (79’).
■ VOLLAND : il a abattu un gros travail dans le pressing et le repli. C’est lui qui se sacrifie devant Dembélé sur sa ligne (52’). Offensivement, il bute sur Lopes dans un angle fermé (13’) et s’est voulu inspiré dans les petits espaces. Et quand le besoin s’est fait sentir, il a attaqué la profondeur dans le dos de Dubois. Remplacé par FOFANA (62’), quand il a fallu tenir le résultat.
■ DIOP : sa technique est un délice. Il n’a pas surjoué et demeure un relais précieux pour Ben Yedder sur l’ouverture du score. Un supplice pour Dubois. Il ne lui a manqué qu’un but pour imprégner un peu plus le match de sa classe, mais Boateng contre sa frappe (22’) et il dévisse, seul face à Lopes (50’). Remplacé par AKLIOUCHE (88’).
■ BEN YEDDER : il se régale depuis l’arrivée de Clement sur le banc. Après quatre matchs sous le Belge, il compile 6 buts et 2 passes décisives. Hier, il a tout fait du gauche. Il a d’abord offert le 1-0 à Jean Lucas puis inscrit son 14e but en L1. Mais il n’a pas seulement conforté sa place de meilleur buteur du championnat. Sa vision du jeu a abouti à trois grosses occasions pour Gelson (11’), Jean Lucas (15’) ou Diop (22’). Cramé, il a demandé à sortir mais Clement l’a maintenu sur le pré. Le Flamand ne veut plus s’en passer.