Nice-Matin (Cannes)

« Pour moi, c’est de l’altruisme »

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE TRANOY

Votre métier aujourd’hui : qui êtes-vous, où travaillez-vous et que faites-vous ?

Je suis partie à la retraite en septembre 2019, après 37 ans de carrière dans l’éducation nationale. Depuis le 11 janvier, je suis à nouveau enseignant­e. La semaine dernière, j’ai remplacé pendant trois jours une personne positive à la Covid à l’école maternelle du Tignet. Lundi [fin janvier, Ndlr], j’étais à l’école maternelle Jules-ferry de Pégomas. Mardi, avec une classe de CE1 de l’école élémentair­e du Tignet. Demain à l’école Saint-exupéry de Peymeinade.

Je suis prévenue la veille ou deux jours avant concernant l’école dans laquelle j’irai et le niveau que j’aurai à prendre en charge. La veille, je contacte l’enseignant titulaire de la classe.

Il me donne quelques pistes de travail en maths, français, une poésie ou quelques petites choses que j’adapte.

Les programmes ont peu changé et je ne suis pas partie depuis longtemps. Quand j’arrive dans la classe, on se présente. Je fais faire aux élèves une couronne ou une étiquette sur laquelle ils ont écrit leur prénom. Partout où je passe, ça accroche tout de suite. En une demi-heure, j’arrive à cerner la classe. C’est l’expérience.

“Nous, les seniors, avons une certaine capacité d’adaptation”

Nous, les seniors, avons une certaine capacité d’adaptation. Certains collègues à la retraite ont peur d’attraper la Covid au contact des enfants. Je n’y ai même pas pensé. Je suis vaccinée et en bonne santé.

Je porte mon masque.

Comment avez-vous trouvé cet emploi ?

J’ai vu un reportage à la télé dans lequel il était indiqué que l’éducation nationale recherchai­t des enseignant­s retraités pour remplacer les absents dans les écoles. La directrice de l’école maternelle du Tignet m’a appelée pour me demander si j’étais disponible.

Ça s’est décidé le samedi. Le lundi, j’ai signé le contrat, et j’ai commencé le mardi.

Pourquoi êtes-vous retournée au travail ?

C’est un geste civique. Je suis restée en contact avec d’anciens collègues et j’ai su la galère que c’était avec les protocoles sanitaires dans les écoles. Aujourd’hui, quand un enseignant est absent, on ne peut plus répartir ses élèves dans d’autres classes. Les chefs d’établissem­ent sont obligés de renvoyer les enfants à la maison et de prévenir tous les parents. Je me suis mise à la place des collègues. Ils passent leur temps à envoyer des mails. Je me suis mise aussi à la place des parents qui sont en galère pour trouver au pied levé des solutions pour faire garder leurs enfants. Revenir travailler, pour moi, c’est de l’altruisme. J’ai voulu me sentir utile. Je pense aussi aux élèves qui ont besoin d’une continuité pédagogiqu­e. Les enfants sont déjà assez perturbés par la Covid, alors si en plus, on ferme leur classe… Le contact avec eux me manquait aussi.

C’est enfin un challenge, une façonde me prouver que je suis toujours capable d’enseigner.

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? « J’ai vu un reportage dans lequel l’éducation nationale recherchai­t des enseignant­s retraités pour remplacer les absents dans les écoles », explique Isabelle, qui a repris du service début janvier.
(Photo Patrice Lapoirie) « J’ai vu un reportage dans lequel l’éducation nationale recherchai­t des enseignant­s retraités pour remplacer les absents dans les écoles », explique Isabelle, qui a repris du service début janvier.

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