Var : le maître d’oeuvre falsifiait les factures
François M. reconnaît l’abus de confiance et le faux et l’usage de faux, mais ne voit pas où est le mal. « J’ai permis à Sabine M. d’avoir la maison qu’elle voulait au prix qu’elle pouvait », assure le maître d’oeuvre à la barre du tribunal correctionnel de Draguignan. « Je lui ai permis d’accéder à son rêve. » Tout en détournant, au passage, un peu de son argent… La combine aurait pu passer inaperçue si Sabine n’avait pas voulu, ce 16 août 2017, payer directement un électricien qui travaillait sur le chantier de sa future propriété à Salernes (Var).
Il mettait son nom sur les chèques
Étonné, celui-ci lui fit remarquer que la somme ne couvrait pas l’ensemble de ses travaux. La mère de famille ne croyait lui devoir plus que 1 200 euros, lui attendait encore son premier versement…
Inquiète, Sabine décide de faire le tour de tous les artisans « recrutés » par François M. Et s’aperçoit très vite que l’économiste de la construction encaissait à son profit les chèques émis aux bénéfices des artisans, n’hésitant pas à rajouter son nom ou celui de son épouse sur les libellés. « J’avais convenu d’une somme globale avec elle, mais comme j’avais trouvé des artisans moins cher, je gardais le delta lors des paiements », explique l’escroc. Pour que la victime ne s’aperçoive de rien, François M. émettait de fausses factures. Il allait même, en ce qui concerne une société, utiliser leur charte graphique pour créer un faux, tout en faisant appel à une autre entreprise pour la réalisation des travaux !
«Jen’aipas porté préjudice »
Le préjudice s’élève au total à 3 128 euros. « Si je n’avais pas fait ça, la boîte aurait coulé », assure le prévenu. « Je reconnais l’esprit délictueux de ma démarche mais je n’ai pas porté préjudice à la cliente, car j’avais signé un devis avec elle, ni aux entreprises, qui ont été payées le prix convenu. Oui, c’est de la cavalerie… »
Le problème, comme le soulève le tribunal, est que François n’en est pas à sa première escroquerie et que, cinq ans après ces faits, il exerce toujours du côté de Draguignan. D’où des réquisitions plutôt lourdes de la part du procureur Guy Bouchet, qui outre une peine d’emprisonnement de huit mois ferme, sollicite une interdiction d’exercer toute profession en lien avec l’infraction. Le tribunal condamne finalement François M. à six mois de détention à domicile sous surveillance électronique, et à une interdiction d’exercer.